dimanche 12 novembre 2023

Le 50 km de Saint-Héand, qui en faisait 47


N'étant disponible ni pour Le Puy - Firminy, ni pour la SaintéLyon, il me fallait trouver un objectif pour cette fin d'année. Et par chance je découvre que le Trail de Saint-Héand innove cette année avec l'introduction d'un grand parcours de 50 km, parfait pour moi ! Même si en réalité le parcours fait 47km.

Les photos - Le film - La trace

Pour que les arrivées de cette nouvelle distance puissent coïncider avec les autres courses, l'organisation a fixé le départ le dimanche 12 novembre à 5h du matin ! Ca fait tôt mais pourquoi pas, ça permettra de courir un peu de nuit, c'est sympa aussi.

J'arrive donc à Saint-Etienne le samedi en fin d'après-midi pour aller manger et dormir chez mes parents. A 21h30 je dors, ça c'est bien géré !

Dimanche 4h, en route pour Saint-Héand, merci papa pour le réveil matinal et le trajet en voiture.

Sur place la récupération du dossard est rapide et je retrouve les Kikouroù Nico, Romu et Julien.

Avec Nico et Romu juste avant le départ

On nous annonce que pour ne pas déranger les riverains qui dorment encore, le départ sera donné de l'intérieur de la salle, bonne idée... mais il faut vite que je sorte pour caller le GPS de la montre ! Donc j'ai loupé la moitié du briefing d'avant-course, pas grave.

A 5h compte à rebours et coup de sifflet buccal (donc sans sifflet), et c'est parti dans les rues de Saint-Héand pour vite se réchauffer dans la première petite bosse à la sortie du village. En même temps il ne fait pas très froid et la pluie qu'on pouvait craindre a cessé avant le départ donc tout va bien.

Je prends rapidement mon rythme, pas trop rapide car la course est longue, mais pas trop lent non plus car le parcours est roulant et que j'ai bien l'intention de mettre moins de 6h15 pour le finir. Toutefois, la gestion de l'allure n'est pas simple car le profil des 7 premiers kilomètres est globalement montant...

d'ailleurs le voici le profil...

Et donc il faut bien doser la course et la marche... et la musique, hop, dans les oreilles la musique, dès que je n'ai plus trop de monde autour de moi, ce qui arrive assez vite quand on n'est que 100 au départ. Du coup je n'entends pas la menace arriver (je plaisante !) quand Nico me dépasse quelque-part vers le 6e km. Je suis alors le dernier des quatre Kikouroù. Pas grave, ce qui m'importe c'est ma gestion et mon chrono final.

Du 8e au 11e km c'est globalement descendant, on voit les étoiles et les lumières autour de Saint-Etienne au loin, c'est sympa.

Les lumières des communes stéphanoises

Je déroule sans trop en faire, et vers le 10e km je me fais dépasser par deux filles qui galopent bien. Je leur emboite le pas tout en commençant à préparer mes flasques pour le premier ravitaillement initialement prévu au km 11,5, juste avant la côte du Mont Morin.

Quand ça commence à bien monter, je rattrape un peu les filles (que nous appellerons Claudie et Fleur)... mais, pourquoi ça monte alors qu'on n'a pas eu de ravito ? Où qu'il est le ravito ? Pas là... J'étais parti léger en eau mais il m'en reste, donc ça ira, allez, on grimpe.

Au kilomètre 13 c'est la descente et revoilà les filles qui passent devant. C'est roulant, on se suit à bonne allure, on continue sur la route, c'est encore plus roulant, donc, jusqu'au au km 15 où emportées par leur élan, Fleur et Claudie manquent le petit chemin qui part à droite. Je les appelle rapidement (le temps que le réflexe me monte au cerveau mais ça va, c'était rapide), heureusement, surtout pour Fleur dont la frontale a décidé d'arrêter là alors qu'il ne fait pas encore jour. Comme ça elle peut profiter de ma lumière et moi de sa compagnie car elle est bien sympa.

C'est ainsi qu'au bout d'un long faux-plat montant nous arrivons au premier ravito qui a donc été relocalisé au km 18. On y apprend que Claudie et Fleur sont les deux premières féminines du classement. Ca veut dire que je suis sur le podium féminin alors... ça me donne un petit objectif rigolo pour le reste de la course ! Bref, je refais le plein d'eau, mange deux petites rondelles de saucisson et un carré de chocolat, avec un godet de Coca, et je repars finir ce faux-plat montant alors que le jour se lève gentiment.

Le jour se lève sur la campagne ligérienne

Sur cette portion très roulante de 6 kilomètres jusqu'au pied du Mur qu'on identifie bien sur le profil, je me sens de plus en plus las. Je vois les filles s'éloigner doucement devant et j'ai clairement du mal à digérer mon ravito pourtant relativement léger. Je ne me traine pas non plus, mais les sensations ne sont pas terribles.

Au 24e kilomètre ça commence à aller un peu mieux et je me rapproche de Fleur et Claudie, alors que Fanny, la troisième féminie donc, n'est pas très loin derrière.

Fleur en jaune, et Claudie en noir

Et au 25e pan ! Le Mur ! Il est bien raide, ça rappelle un peu le Rampeau de l'Hivernale des Coursières et de la SaintéLyon.

Le Mur !

Le changement de rythme est brutal et je rame un peu alors que Romu se signale derrière moi... Normalement il devrait être loin devant ! En fait le pauvre s'est tapé 2 km de rab suite à une erreur de parcours ! 

La côte fait un petit kilomètre, se radoucissant un peu sur la fin, puis ça redevient de plus en plus roulant jusqu'à Saint-Héand. Je retrouve petit à petit de bonnes jambes et on arrive plus ou moins tous ensemble au ravito du km 29 à Saint-Héand, Claudie, Fleur, Fanny, Romu et moi, et il y a même Julien et Dom qui repartent du ravito.

Je prends 3 minutes pour un Coca, une pâte de fruit, un bout de banane et refaire le plein, alors que tous les autres ont déjà décampé ! A cet instant je suis donc le dernier Kikouroù, et je ne suis plus sur le podium féminin, mais pas de panique, j'ai déjà prévu de ne pas m'arrêter au prochain ravito qui n'est que dans 5 kilomètres, je vais me refaire.

A 8h35 je repars donc tranquillement à l'attaque de la boucle de 18 km dans un état d'esprit très positif, et petit à petit, au gré d'un profil légèrement descendant, j'accélère et je passe en mode lâche-rien. La température monte et je quitte et range ma veste sans m'arrêter, c'est dire. A ce rythme je finis par revenir, plus vite que je ne le pensais, d'abord sur Fleur, le temps de constater que Claudie a pris le large, puis sur Romu, qui commence à subir la distance. Il faut dire que ça faisait très longtemps qu'il n'avait pas fait une course aussi longue.

Au 35e kilomètre, je passe devant le ravito de La Fouillouse sans m'arrêter, comme prévu. Fanny s'y arrête et hop, me voici devant la 2e féminine. Et qui vois-je là-bas devant ? Julien et Dom, que je rattrape progressivement. Je vais rester un peu avec eux alors que les premiers du 30 km nous dépassent à une vitesse impressionnante !

Au fil des relances je finis par distancer mes acolytes, et j'arrive en bas de la côte du 40e kilomètre. Finalement elle n'est pas si raide que ça et je peux même courir sur certaines parties. En haut il y a le dernier ravito. J'y fais un arrêt rapide pour reprendre un peu d'eau et boire un Coca vite fait en marchant avant de basculer dans la rapide descente bitumée.

Un dernier Coca pour la route

Il y a maintenant des coureurs de toutes les distances autour de moi, du 18 km, du 30 km, du 50 km (pas tant que ça tant on est espacés sur cette distance). Le profil redevient montant, plus ou moins légèrement le long du Ruisseau de Gourny, j'alterne marche et course dès que possible sur les faux-plats montants, je serre les dents et ne lâche rien car je sais maintenant que je peux finir en moins de 6 heures.

Marqué mais encore vaillant !

Au 45e kilomètre c'est la dernière petite descente avant la montée finale, et en bas c'est Nico que je dépasse à ma grande surprise, je le croyais loin devant. Me voilà premier Kikouroù du coup. Je lui dis "à bientôt" et entame la montée finale de deux kilomètres le couteau entre les dents. Il y a des coureurs de toutes les courses de partout, plein de gens nous encouragent, le village de Saint-Héand est très animé, je donne tout dans ces derniers hectomètres. Et là, un escalier ! Ca fait mal ça, mais en haut il faut relancer, encore, et franchir la ligne d'arrivée en courant, jusqu'au bout !

Je termine 67e en 5h40'42. Un classement pas fou fou, mais surtout un chrono bien plus rapide qu'espéré, et ça me satisfait pleinement ! Nico arrive deux minutes après et on s'engouffre dans la salle qui est bondée. On fait la photo des finishers, on discute quelques instants avec la jeune Claudie, première féminie en 5h40'02 (j'avais donc 40" de retard sur la victoire féminine...) et on va déguster la bonne soupe bien méritée et des rillettes... c'est bon ça, les rillettes !

Les finishers

Il y a tellement de monde dans la salle que je finis par perdre Nico de vue. Je ne retrouverai pas non plus les autres copains. Je préfère sortir prendre l'air au calme. J'appelle mon père pour qu'il vienne me chercher. Comme ça on pourra déjeuner en famille à Saint-Etienne, avant que je prenne un train pour Lyon dans l'après-midi.

Fin de saison réussie, vivement le prochain dossard à l'Hivernale des Coursières 2024 !!





samedi 8 juillet 2023

La demi-traversée du Queyras

Et oui, seulement une grosse demi-traversée : il restait 45 km sur les 105 prévus lorsque j'ai fait demi-tour pour abandonner... voici comment ça s'est passé :

Là ça allait encore bien

Les photos - Le film - La trace

 

Le profil de la course :




Vendredi 7 juillet : le trajet


La course a lieu à Guillestre, enfin le départ de la Grande Traversée du Queyras est à Abries mais c'est bien à Guillestre que tout se passe. L'avantage, et c'était un critère pour choisir cette course (en plus de la beauté réputée des paysages), c'est que je peux y venir en train... mais depuis Lyon ça fait loin quand-même !

L'autre avantage, c'est qu'il restait de la place dans le dortoir de la bande de Kikouroùs venus du grand nord (de Paris voire plus au nord !), et merci à Raya de m'avoir proposé de me joindre à eux. Merci aussi à Raya d'avoir récupéré mon dossard et d'avoir même négocié que je puisse déposer mon sac d'allègement le lendemain au départ, m'évitant ainsi de devoir courir au gymnase de Guillestre pour le déposer en catastrophe avant 19h.

J'ai donc retrouvé mes acolytes Raya, Pat, Bart, Romain et Yves à l'hôtel Cap'Verb pour un bon repas de lasagnes et une nuit pas trop mauvaise.
21h15, on se couche...

Samedi 8 juillet : la course


3h05, on se lève ! (enfin surtout Raya, Pat, Yves et moi, car Bart et Romain sont sur le 65 km qui part plus tard). On prend le petit déj dans la salle de restauration de l'hôtel (et pas dans la salle hors-sac...), et on se met vite en route pour prendre la navette, en manquant d'oublier mes bâtons dans la chambre ! Heureusement que j'y ai pensé en entrant dans l'ascenseur.

Le départ des navettes se fait à 4h30 vers le gymnase de Guillestre qui est à un bon kilomètre de l'hôtel, Raya, Pat et Yves marchent sacrément vite les bougres, je m'accroche pour les suivre (j’exagère à peine), la course a déjà commencé ou quoi ?

Il doit être un peu plus de 5h lorsque la navette nous laisse dans le village d'Abries. La salle n'est pas encore ouverte et on nous invite à traverser le village pour aller boire un café vers un gite. Au passage j'ai pu confier mon sac d'allègement à un bénévole, nickel. Il fait encore frais de bon matin et on est bien content de se mettre un peu au chaud lorsque la salle ouvre enfin. Le départ se fera donc en t-shirt, avec les manchettes (qui finiront vite dans le sac car la journée va être très chaude).

 

De Abries à Ristolas : 13e km en 2h12

Et justement, le départ a lieu pile à l'heure, à 6h.
Il fait déjà jour, il fait beau et encore frais, c'est top.
On court 300 mètres et voici déjà la première côte du parcours : la Colette de Gilly, 800 mD+ en deux temps, pour s'échauffer.



Montée sans histoire dans un bel environnement, descente pas pire, et voici déjà le premier ravitaillement à Ristolas après 13 km et 2h15 de course. J'ai un peu faim, donc je prends 5 minutes pour manger et mettre un peu de nourriture dans ma poche, remplir les bidons, braquer Nat avec une banane, la manger (la banane, pas Nat) et je file.


De Ristolas au Refuge Agnel : 28e km en 5h22

Sur 4 km on longe le Guil sur du léger faux-plat montant, c'est bien roulant, je trottine gentiment, et je rattrape Nat qui se la coule douce en se début de course (connaissant le temps canon de 23h37 qu'elle fera pour terminer la course, on peut dire qu'elle a fait un début très tranquille). On trottine donc quelques minutes ensemble en discutant jusqu'au premières pentes de la longue montée au Col Vieux. Comme je lui disais : "La partie roulante, mon terrain de prédilection, vient de se terminer, maintenant  c'est la montagne, c'est ton terrain !". Car Nat, est une pure grimpeuse, et c'est tout naturellement que je la vois s'éloigner devant moi, tranquillement les mains dans le dos, quelle efficacité !

Pour moi c'est bâtons dans les mains et yeux grands ouverts, car plus on monte, plus c'est beau ! Aux deux tiers de la montée, à 2400 m d'altitude, on longe le Lac Egorgéou, c'est superbe et plat, donc je relance au trot, avec Pat pas loin devant ou derrière moi, je ne sais plus, mais c'est par là que je l'ai rattrapé je crois. A moins que ce soit à 2600 m d'altitude, le long du Lac Foréant, l'autre replat tout aussi superbe dans cette longue ascension vers le Col Vieux.

Le Lac Egorgéou

Le Lac Foréant

C'est après un peu moins de 5h10 de course que j'atteins le Col Vieux (2806 m) au 26e kilomètre. Je me sens bien, je ne ressens pas spécialement l'altitude (tant mieux), et la petite descente vers la route du Col Agnel est une formalité, avec vue sur la crête frontalière entre la France et l'Italie et sur le Pic de Caramantran qu'on gravira bientôt.

Au Col Vieux

J'arrive au Refuge Agnel (2570 m) à 11h22 pour une pause ravito de 10 minutes où je croise Raya et Pat qui repartiront un peu avant moi.

Le Refuge Agnel

 

Du Refuge Agnel à Saint-Véran : 44e km en 8h32

Je serais bien resté toute la journée à l'agréable Refuge Agnel, mais non, je repars tranquillement en mangeant alors que les premières pentes du Col de Chamoussière (2881 m) sont assez douces. Ca se raidit petit à petit dans un environnement de plus en plus minéral mais sur un sentier toujours bien tracé, donc rien de difficile.

Pic de Caramantran et Col de Chamoussière

Au col il y a des randonneurs, un nouveau panorama à se coller dans les rétines, du vent qui fait du bien car il ne fait pas froid, et un sentier pentu qui part à gauche pour atteindre le sommet de la course, le Pic de Caramantran (3021 m). J'y suis à 12h33, dans le vent, en t-shirt, à 3000, normal. La vue à 360° y est incroyable, surtout côté français car côté Italien on voit à peine le Mont Viso dépasser des nuages.

Au Pic de Caramantran : à gauche l'Italie, à droite la France

Je ne m'attarde pas trop, le temps de quelques photos et de voir le SMS de SFR qui me souhaite la bienvenue en Italie (bien vu, la trace franchit la frontière sur quelques dizaines de mètres avant de revenir en France), et je me lance prudemment dans la descente vers le Col de Saint-Véran (2843 m) puis le Refuge de la Blanche (2500 m). J'imaginais cette descente un peu délicate et raide mais en fait elle ne présente pas vraiment de difficulté. Après 34 km et 7h09 de course je passe donc au Refuge de la Blanche presque sans m'arrêter, si ce n'est pour un remplissage exprès du bidon d'eau plate histoire de pouvoir continuer à bien m'hydrater jusqu'au au vrai ravito de Saint-Véran.

Le Lac et le Refuge de La Blanche

C'est à partir de là que ça devient un peu moins rigolo... En effet, nous devons maintenant parcourir 8 km de légère descente, je dirais même de faux-plat très légèrement descendant, à tel point qu'en regardant l'altimètre régulièrement et en voyant le chemin se dérouler devant moi j'ai l'impression que ça ne descend juste pas du tout ! En tout cas c'est une portion roulante où je me dois de courir, sinon ça va être trop long, et puis c'est mon point fort le roulant en faux-plat descendant, donc je m'attendais à dévorer ça facile à 8 ou 9 km/h, sauf que pas du tout. Je plafonne lamentablement entre 7 et 8 km/h, et au bout de quelques kilomètres je commence à sentir que je tape un peu trop dans les jambes à m'obstiner à courir, donc je me convainc de passer à la marche de temps en temps pour alterner marche et course. Et là c'est le drame... une pointe dans le genou gauche... ma "rotulite" de l'an dernier vient de se réveiller ! Rien d'insurmontable, je peux encore marcher et courir (pas vite certes), mais ça m’inquiète vraiment. Je ralentis donc et achève la descente par la traversée du joli village de Saint-Véran (2035 m) jusqu'au ravito du 44e km qu'il abrite.

Dans la descente vers Saint-Véran avec l'observatoire tout là-haut

Saint-Véran vu d'en haut

Saint-Véran vu de dedans

Il est 14h32 et il fait chaud. Ca va mieux à l'ombre du barnum mais je ne suis pas tout seul et je cherche une chaise. Ca tombe bien, Pat et Raya sont sur le départ, je vais pouvoir m'asseoir à leur place. Manger, boire, faire le plein des bidons, me dire que je verrais bien ce que dit mon genou dans la descente sur Ceillac, re-boire, et au bout d'un quart d'heure de pause, repartir en plein cagnard.

 

De Saint-Véran à Ceillac : 57e km en 11h45

Il reste encore un peu de descente entre Saint-Véran et le fond de la vallée. Tandis que j'y vais doucement pour économiser mon genou, à la sortie du village, je tombe sur Pat et Raya qui font une sieste allongés à l'ombre d'une maison ! Je ne m'arrête pas (à part pour les prendre en photo...), je n'ai pas du tout sommeil à cette heure-ci.

Le repos des guerriers

En quelques minutes j'arrive au fond de la vallée, à 1855 m, il est 15h02, il y fait bien chaud, et qui dit fond de vallée, dit qu'on va grimper... en l'occurrence le Col des Estronques : 4 km à 20% de pente moyenne ! Par chance le pied du col est bien ombragé, mais dès qu'on franchit le ruisseau la pente s'accentue en plein soleil cette fois ! C'est dur mais j'avance au moins aussi bien que les autres concurrents donc le moral va bien et la chaleur s'atténue un peu au fur et à mesure avec l'altitude et le vent.

Dans l'ascension du Col des Estronques

Il me faudra 1h30 pour atteindre enfin le Col des Estronques (2651 m) où je me fais photographier par un randonneur bien sympa.

Au Col des Estronques
 

Place maintenant à la descente, que j'appréhende un peu à cause de mon genou gauche. Cette fois je garde les bâtons en main, pour amortir un peu les chocs, et je descends prudemment. Le genou tient le coup, mieux qu'en descendant sur Saint-Véran, et à 17h45 j'arrive en un seul morceau à Ceillac (1645 m), km 57, où se trouve le ravito principal de cette course, la base de vie.

Début de la descente vers Ceillac


De Ceillac à... Ceillac

J'ai une bonne demi-heure d'avance sur mes prévisions, le genou ne va pas trop mal, j'essaye donc de ne pas trop y penser et je reste concentré sur ce que j'ai à faire ici dans l'idée de ne pas rester arrêté plus de 45 minutes.

Je m'installe sur une des tables dehors à l'ombre et vais récupérer mon sac d'allègement pour vite mettre ma montre et on téléphone en charge. Je choisis de ne pas changer de tenue ni même de chaussettes car je me sens bien comme ça, et je passe directement à la case boire-et-manger, avec entre autres, une bonne assiette de pâtes bolo qui font le plus grand bien. Entre chaque bouchée je refais mon sac et mes poches : recharge de barres, de poudre, de compotes, et le plein des bidons bien sûr.

Des spaghettis pour recharger les batteries
 

Comme toujours sur une base de vie on ne voit pas le temps passer, et ça fait déjà 50 minutes que je suis là lorsque je me lève pour repartir ! Raya et Pat sont arrivés depuis quelques minutes, je ne les avais pas vus. Je leur dis "à plus tard", et que peut-être, si mon genou coince, ils me verront revenir ici...

A froid, les premières foulées sont boitillantes, le genou gauche fait un peu mal. Même si ça rentre vite dans l'ordre le temps de se dérouiller les jambes, ça me rappelle vraiment de mauvais souvenirs de la blessure de 2022. Au fil des 3 kilomètres presque plats jusqu'au pied du Col Girardin, mon genou tourne dans ma tête, et quand je pense à tout ce qui reste comme descentes d'ici l'arrivée je ne suis vraiment pas serein et la situation est la suivante : soit je continue, grimpe le Col Girardin pour ensuite attaquer la descente raide jusqu'à La Barge qui risque de mettre encore plus à mal mon genou, et alors là j'aurais l'air malin si je me blesse là-bas en fin de soirée dans une autre vallée, soit je joue la prudence et j'abandonne là pour préserver mon genou. 

Au pied du col ma décision est prise, les 3500 mD- restants me font trop peur, il faut que je fasse demi-tour sans tarder pour retourner à Ceillac avant la barrière horaire de 20h30 si je veux être rapatrié à Guillestre. Donc voilà, j'ai fait ça.

 

Et après ?

Après, j'ai été ramené à Guillestre en fourgon par le chef de l'organisation avec quatre autres traileurs. Puis je suis retourné à l'hôtel où Romain se reposait. Quand Bart, finisher du 65 km, est arrivé il était déjà près de 23h et on est vite allé se coucher, pendant que nos héros Yves, Pat et Raya se battaient jusqu'au bout de la nuit pour finir vaillamment ce 100 km qui en fait en faisait 105. Bravo les gars !

Oui mais après ce 5e abandon sur 6 tentatives d'ultra de plus de 20 heures en montagne qu'est-ce qu'on fait ?
Et bien on se rend à l'évidence que je ne suis pas tout à fait assez costaud (physiquement et/ou mentalement ça dépend des fois) pour ces aventures. Il faut vraiment que toutes les planètes s'alignent pour que j'aille au bout comme en 2022 (et encore, mon genou ne s'en est pas vraiment remis), sinon il y a toujours quelque-chose qui coince.
Je n'exclue pas de re-tenter ce genre de format un jour dans quelques années, mais maintenant je veux revenir à ce qui fonctionne pour moi et qui m'apportera plus de satisfaction que des ultras interrompus, c'est-à-dire aux trails de 60-70 km max à la journée. En plus il y en a plein qui m'intéressent depuis longtemps et que je vais essayer de faire dans les années qui viennent.

 







 


 

 






jeudi 1 juin 2023

Premières courses de 2023

Oui je cours toujours...

Et je fais toujours des images. J'écris juste beaucoup moins faute de temps. Il n'y a donc pas de récit pour ces trois premières courses de l'année.


Hivernale des Coursières - 08/01/2023

Les photos - la trace

Le film :


L'Hivernale des Coursières c'est le rendez-vous annuel de la rentrée de janvier, que je ne manque jamais d'honorer. Cette année je me suis encore bien fait plaisir sur le 32 km (1250 mD+) avec un final à l'attaque !


Parkinson Trail Tour - 01/04/2023

Les photos - la trace

Le film :


Il revient et il est encore plus méchant ! Le Parkinson Trail Tour s'est bien musclé pour cette deuxième édition. La boucle de 6,7 km pour 290 mD+ de 2022 a laissé place en ce 1er avril 2023 à une sympathique boucle de 7,4 km pour 330 mD+, à parcourir toujours en moins de 1h15 pour pouvoir prendre le départ du tour suivant.

Cette fois ci, ayant appris de l'année dernière, je me suis bien organisé, avec mes petites affaires et mon fauteuil de camping. Côté météo il n'y avait pas de neige (normal pour la saison mais l'an dernier c'était bien blanc !), il faisait bon. Tout semblait réuni pour faire plus de tours, mais c'était sans compter sur la difficulté augmentée, et le bon orage qui a rendu le terrain glissant à partir du 6e tour. Dès le 7e j'ai donc sorti les bâtons, je me suis bien battu, et j'ai arrêté à la limite du hors délai après 10 tours pour 74 km et 3400 mD+.


Ultra des Coursières - 13/05/2023

Les photos - la trace 1ère partie - la trace 2e partie

Le film :


Pour mon retour sur cette belle course de 113 km dans les Monts du Lyonnais je craignais la chaleur qu'on rencontre généralement à cette période de l'année, mais le danger, finalement, c'était la pluie !

Au départ il faisait juste frais comme il faut, on a pris quelques petites averses sur la première moitié mais je me sentais de mieux en mieux et j'étais confiant à la base de vie du 60e km. Sauf qu'ensuite, après avoir pris des litres de pluie sur la tête pendant deux heures, je suis arrivé trempé au ravito du 77e km, et frigorifié, je n'ai pas pu en repartir. C'est dommage car j'avais la forme, mais dans ces conditions c'est sans regret que j'ai bâché après 76 km et 3400 mD+.


La suite...

Je me prépare maintenant pour mon gros objectif de l'année, La Grande Traversée du Queyras. J'espère que j'aurais le temps d'en faire le récit car ça devrait valoir le détour !














samedi 31 décembre 2022

Bilan 2022 et regards sur 2023

 

Grandes réussites et petits bobos

Passons vite sur les petits bobos : une petite chute en mars, un genou gauche récalcitrant, surtout en septembre, une tendinite du releveur vite soignée fin novembre... Et parlons plutôt de ce grand cru que fut 2022 avec de grandes réussites comme le Parkinson Trail Tour, le Grand Raid 73, et surtout l'Echappée Belle Traversée Nord et l'aller-retour Firminy - Le Puy - Firminy, des exploits personnels qui m'ont enchanté !

 

Prévisions

En 2022 on repartait enfin sur une saison normale, avec des courses planifiées régulièrement, dont le GR73, pour monter en puissance en vue de l'objectif ultime d'arriver enfin à sonner la cloche finale de l'Echappée Belle Traversée Nord.

Traditionnellement la deuxième partie de saison est plus roulante, avec le Run In Lyon où j'envisageais de revenir sur le format marathon malgré la proximité avec l'Echappée Belle. Puis pour finir en beauté j'espérais bien pouvoir enfin faire l'aller-retour Firminy - Le Puy - Firminy, annulé en 2020 et 2021.


Réalisations

En chiffres ça donne :

1922 km pour 56168 mD+
Dont 416 km pour 19825 mD+ en compétition

7 courses :   
5 trails :
    Hivernale des Coursières 32k
    Trail des Cabornis 40k
    Parkinson Trail Tour Pollionnay 73k (backyard)
    Grand Raid 73 73k (montagne)
   
Echappée Belle Traversée Nord 87k (montagne)

1 marathon :
    Run In Lyon 42k

1 raid en aller-retour :
    Firminy - Le Puy - Firminy 137k

Et par rapport aux prévisions ?


Je l'ai enfin sonnée cette cloche !

Finir un bel ultra :

OUI !

Pour ma troisième participation, j'ai enfin réussi à terminer l'Echappée Belle Traversée Nord !
Cette fois j'étais mieux préparé mentalement et physiquement (avec notamment le GR73 en prépa), et les conditions météo étaient parfaites. Mais surtout, j'ai eu beaucoup de soutien des copains pendant la journée du samedi avant de bien gérer le début de nuit, de sentir que je faiblissais petit à petit, pour enfin finir par voir le jour et sonner la cloche au bout des dernières heures de course partagées avec Christian.

 

Revenir sur le marathon du Run In Lyon :

Ne rien lâcher
OUI !

Je l'ai fait, je l'ai fini ce marathon du Run In Lyon, auquel je n'avais plus participé sur ce format depuis 2017 (année de mon record), et ça n'était pas gagné d'avance.
Le fait d'enchaîner une petite prépa marathon juste après l'Echappée Belle était un risque, et mon genou gauche me l'a vite confirmé. Après une semaine d'entrainement j'ai dû arrêter de courir à cause d'un syndrome rotulien devenu aigu. Avec le repos mon genou s'est un peu calmé et j'ai décidé au dernier moment de quand-même prendre le départ du marathon, mais de ne pas trop forcer, de ne pas tenter de battre mon record, et de m'arrêter si le genou piquait trop.
Au final, je suis parti trop vite, mon genou a tenu mais physiquement j'ai évidemment explosé dans la dernière heure. Compte tenu des circonstances je suis bien content d'avoir fini en 3h41.


Finir l'année en beauté sur un raid :

OUI !

Les trois de l'aller-retour, et leurs f'ânes !
Cette fois ça y est, on l'a fait cet aller-retour Firminy - Le Puy - Firminy !
L'aller en off le samedi avec Christian et Thierry, et le retour en course dans la nuit et le matin du dimanche.
Une belle expérience avec beaucoup de plaisir, malgré une fin de nuit difficile quand le sommeil se manifeste. Puis le soleil s'est imposé, et j'ai pu partager la joie de finir mon premier aller-retour de ville à ville avec mes compagnons de l'aller, et aussi avec les autres copains qui ont participé au Raid Le Puy - Firminy.


Découvrir le concept de la Backyard :

En avril ne te découvre pas d'un fil !
OUI !

Enfin presque, car le Parkinson Trail Tour Pollionnay n'est pas exactement une backyard, mais le concept est le même, et j'ai bien aimé ça. Faire 11 fois la boucle de 6,6 km en moins d'1h15 par tour, avec des copains, une bonne ambiance, des ravitos incroyables, une super équipe d'organisation, et même de la neige début avril, c'était génial... et je compte bien remettre ça en 2023 !


Farandole de Kikoureurs

Partager de bons moments en off :

OUI ! (mais pas assez)

On partage toujours de bons moments en off avec les copains de Kikouroù. Mais cette année je suis resté sur ma faim car je n'ai pas eu autant de disponibilité que j'aurais voulu et les occasions ont été rares : seulement le Lurdunum, et trois sorties à Messimy (la dernière ce matin).


Des sorties en solo en France et dans le Monde :

Les Lofoten vues d'en haut
OUI !

L'année 2022 a fait la part belle aux voyages et donc aux petits runs touristiques. Il y a eu le Maroc en avril avec Ouarzazate et Agadir, puis la Norvège en juin avec le Kleppstadheia au soleil de minuit et le Reinebringen, et enfin la Martinique en décembre avec la Montagne Pelée.

Les jolies escapades en France n'ont pas été en reste non plus avec quelques sorties dans la Drôme, la deuxième édition de mon off solo dans le Pilat, et une superbe matinée d'été dans le Beaufortain.

Ne pas délaisser mes autres sports préférés :

La rando du vrai Cap Nord
On fait ce qu'on peut avec les occasions qu'on a, donc toujours pas de snowboard cette année, en revanche j'ai ressorti le vélo de route, un peu contraint et forcé pour soulager mon genou en septembre, n'empêche que ça m'a bien plu de me remettre en selle pour quelques séances de travail à Parilly et une belle balade dans mes classiques Monts de l'Ozon.
En fait le sport principal cette année après la course à pied, a été la randonnée. Il faut dire qu'entre la Norvège et la Martinique, il y avait de quoi faire !
Ajoutez à ça un peu de snorkeling et de kayak en Martinique, et un peu de kayak également en Norvège, et je crois qu'on est complet...
Mais non ce n'est pas tout ! Depuis septembre je me suis mis au Pilâtes, une fois par semaine, ça méritait quand-même d'être signalé !



Regards sur 2023

Le début d'année sera traditionnel avec l'Hivernale des Coursières dès le 8 janvier, puis début février le off 100% urban trail du LUR : le Lurdunum.

Le premier week-end de mars, le Trail des Cabornis s'accorde bien avec mon calendrier. Je ne suis pas encore inscrit mais il est probable que j'y retourne pour la troisième fois. Un mois plus tard, là il n'y a pas de doute, je serai sur la deuxième édition du Parkinson Trail Tour à Pollionnay.

La suite de la saison reste à déterminer. L'Ultra des Coursières fait partie des possibilités dans l'optique de préparer un ultra en montagne début juillet : la Montagn'Hard ou la Grande Traversée du Queyras... je ne sais pas encore.

Pour le deuxième semestre je suis encore plus dans le flou. J'ai l'Echappée Belle Parcours des Crêtes dans un coin de la tête mais pas sûr du tout, et après, ça sera au feeling, on verra bien...



Allons toujours plus haut pour une
Bonne année 2023 !!

 

 



 

 

 



dimanche 20 novembre 2022

FLPF, le raid en aller-retour

FLPF pour Firminy - Le Puy - Firminy. Parce que ce qui est bien avec ce format de course qui va d'une ville à une autre, c'est qu'on peut le faire en aller-retour ! Ben oui, pourquoi pas ? Il y en a bien qui font ça depuis des années sur la SaintéLyon (n'est-ce pas Thierry ?)... Sur Le Puy - Firminy ça a déjà été fait aussi, deux fois. Christian avait lancé le concept en 2010 avec Jean-Mi Touron, puis en 2017 il avait récidivé accompagné cette fois de Thierry et Bernard. Cette année là je prenais le départ de Le Puy - Firminy pour la première fois, sans aller au bout, alors autant dire que j'étais très impressionné par leur aller-retour.

Mais la graine de folie était semée, et fin 2019, après avoir bouclé mon deuxième Raid Le Puy - Firminy, j'avais laissé entendre que si Christian repartait sur l'aller-retour en 2020 je serais bien tenté de l'accompagner. Le projet commençait à germé mais a vite été écrasé par deux années de Covid.

Cette année enfin, le paysage épidémiologique s'est éclairci, Gérard Chambon et le CLCS sont au taquet, le Raid Le Puy - Firminy aura bien lieu ! Christian est toujours motivé pour l'aller-retour et moi aussi. Thierry, en grand spécialiste de ce genre de bêtises, ne peut qu'être de la partie aussi.

 

Voici donc le récit de l'aller-retour FLPF en trio

Les photos - Le film - La trace aller - La trace retour

 


L'aller : Firminy - Le Puy : le 19/11/2022 de 9h07 à 20h21

Venus de Lyon en voiture avec Thierry, nous retrouvons Christian et Elisabeth à Firminy devant la salle du CLCS, lieu de l'arrivée du Raid Le Puy - Firminy, donc notre lieu de départ aujourd'hui. Gérard Chambon (organisateur et accessoirement cousin de Christian) est déjà là avec d'autres vaillants membres du CLCS. Quelques bavardages, un petit café, la photo devant la borne (voir ci-dessus), et on va devoir s'y mettre, il est déjà 9h ! D'abord on laisse nos sacs d'affaires de rechange à Gérard pour qu'il nous les emmène au Puy ce soir (ça parait évident dit comme ça...).

A 9h07 précises nous voici tous les trois en position de départ devant la salle du CLCS à Firminy, Elisabeth immortalise la scène avant de sauter dans son Kangoo, et c'est parti pour une journée de course/marche/papotages/tourisme/dire tout et n'importe quoi sur tout et n'importe quoi/etc... à travers la Haute-Loire... reportage :

Après quelques minutes d'échauffement, les ânes de la sortie de la sortie de Firminy nous attendent pour faire des selfies, nous souhaiter bon courage et nous dire qu'on est vraiment très beaux (enfin un truc comme ça).

Nous laissons Firminy et le "bel" immeuble de Le Corbusier derrière nous et adoptons la stratégie de la journée : dès que ça monte, même un tout petit peu, on marche, et donc, on papote ! 

A partir du km 4 ça descend franchement, donc on trottine tranquillement jusqu'au fond des gorges de la Semène, qu'on franchit sur un petit pont.

Une bonne remontée bien trailesque pour sortir des gorges et nous voici sur les champêtres hauteurs d'Aurec, entre champs et vaches.

11h07, km 13 : petit arrêt photo-culturel devant l'église de la Chapelle-d'Aurec.

Dans la descente qui suit, Christian nous expose son plan de tentative de variante de parcours avant Monistrol. Il s'agit de longer la route un peu plus longtemps que prévu par le chemin qui lui-même longe la conduite d'eau de la Stéphanoise des Eaux. Action, réaction, c'est ce que nous faisons ! Et c'est pas mal, ça évite un bout de route en restant sur le chemin.

Il est midi lorsque nous arrivons au km 20 à Monistrol-sur-Loire où nous attendent nos super-suiveuses et le Kangoo-ravito super-garni !

Après 35 minutes d'arrêt il est temps de se remettre en route dans la joie, d'autant que le soleil a fait son apparition. Nous reprenons notre rythme tranquille mais néanmoins régulier le long de la ligne-droite-de-la-mort-de-Monistrol avant de descendre pour un double passage sous le viaduc de Pont-de-Lignon, mais aussi sur le pont sur le Lignon (altiligérien, à ne pas confondre avec le Lignon ligérien). Et comme un pont peut en cacher un autre, et pas des moindres, nous traversons la Loire sur le superbe Pont de Confolent où un selfie s'impose.

Sur l'autre rive, c'est Confolent, et sa fameuse Boule de Confolent : le bar de l'amicale bouliste qui sert de ravito sur le Raid Le Puy - Firminy. Et bien en ce samedi à 13h30 on peut y déguster des escargots et des moules ! Un gars du coin nous encourage à y goûter, mais on lui explique que ça ne serait pas une très bonne idée puisque on va au Puy à pied (ça c'est une bonne idée !), mais qu'on repassera cette nuit dans l'autre sens... peut-être qu'il restera encore des mollusques à gober ? Mouais... en tout cas notre gars semble avoir du mal à réaliser qu'on va vraiment au Puy à pied, de notre propre gré, et donc il nous indique la gare qui est juste à côté. Pas de chance, on vient juste de louper un train. Ah mais sinon vous avez une gare à Retournac. Oui mais non merci, on y va à pied en fait.

Et ce qui est bien en y allant à pied, c'est qu'on apprend plein de choses, comme par exemple que les crues de la Loire peuvent monter très haut dans la région...


Bon, nous aussi il faut qu'on monte, pas très haut, mais tout de même, ça grimpe, puis ça faux-plate, jusqu'à la Croix-de-l'Orme, où un vilain nuage pluvieux fonce droit sur nous. On tourne à gauche pour redescendre mais on n'y échappera pas.

A 15h40 après avoir pris un peu de grésil sur la tête, les plus beaux sont à Beaux, où il ne fait jamais beau, mais où il y a le Kangoo-ravito !

Après Beaux il y a Malataverne, puis l'interminable remontée le long de la D7 jusqu'au local à poubelles de Coindet qui sert de ravito pour le Raid LPF. Et puis la nuit qui tombe tôt en cette saison. Nous passons devant la belle église de Malrevers à 18h30, le temps de réaliser qu'à chaque fois qu'on passe ici fin novembre il fait nuit... ils n'ont pas de chance les habitants ici, il y fait toujours nuit !

Les 12 derniers kilomètres vont être gérés tranquillement en maximisant les portions marchées. C'est qu'il faut en garder un peu pour le retour.

Il est 20h20 lorsque nous avons la joie de finir le trajet aller, sous les projecteurs du stade Lafayette du Puy-en-Velay.

On a donc 3h40 pour se reposer, se changer, manger, avant le départ du Raid Le Puy - Firminy à minuit. Sauf qu'on a un peu omis de dire clairement à Gérard qu'on avait besoin de nos sacs ici, et pas seulement à l'arrivée. Finalement il nous les apportera un peu après 23h00. Ca fait un peu court pour digérer nos pâtes mais au moins on pourra repartir repus et au sec.

Entre temps la salle du stade s'est bien garnie de coureurs et marcheurs, dont beaucoup de copains de Kikouroù qui nous rejoignent au fond de la salle, qu'on a un peu annexé avec tout notre bazar...


Le retour : Raid Le Puy - Firminy : le 20/11/2022 de 0h02 à 11h34

A 0h02 au stade Lafayette, le coup de pistolet claque du premier coup et c'est le départ du Raid Le Puy - Firminy pour 300 coureurs et marcheurs frais et frétillants... et 3 coureurs-marcheurs super motivé mais avec déjà 68,5 km dans les pattes et des pâtes dans le ventre. La nuit va être longue pour Thierry, Christian et moi.

Dès le départ nous passons au petit trot avec Thierry, et les jambes répondent étonnamment bien. Christian est un peu derrière je crois.

Quand arrivent les premières montées je me rends vite compte que Thierry est mieux que moi et je le laisse donc partir pour me mettre dans mon rythme. Je suis plutôt bien, ça fait plaisir d'avoir du monde autour, même si je me retrouve vite avec les gros marcheurs du peloton que je rattrape facilement en descente, mais qui sont impressionnants de puissance et de vitesse en montée. De quoi faire de belles parties de yoyo jusqu'au ravito de Malrevers au 12e km que j'atteins à 1h35. Les pains au chocolat sont là, miam miam, et je repars au bout de 5 minutes.

Alors que je suis en pleine partie de yoyo avec un marcheur, au 16e km je passe devant, entre dans Rosière, avec ses jolies maisons en pierres, et je déboule sur la grande route au centre du village. Pas normal ça ! J'ai manifestement loupé une balise et me voilà en train d'arpenter cette route en cherchant la bonne direction. A l'approche d'un rond-point, je vois plusieurs frontales venant à ma rencontre. Je me dis que c'est bon j'ai retrouvé le parcours... joie de courte durée puisqu'ils me disent qu'ils sont perdus et me demandent par où il faut aller. On est bien barré avec ça. Demi-tour, on retourne au centre de Rosière, et là enfin on a la chance de croiser un coureur qui nous a vu passer et qui nous remet sur la bonne route, merci beaucoup à lui !

Cette erreur m'aura coûté presque un quart d'heure. C'est rageant mais je me reconcentre vite dans la longue montée vers Coindet. A 2h58, je vois le local à poubelle de Coindet, petite lumière dans la nuit, c'est ici que se tient le ravito du 20e km. Une petite madeleine, un verre de sirop de pomme, et c'est parti pour la longue descente vers Malataverne le long de la D7. Chaque année ces 5 kilomètres semblent très longs mais là c'est encore pire car je ne peux pas vraiment accélérer. En fait je suis toujours sur le même rythme qu'à l'aller, ce qui est parfait pour durer car la route est encore longue, n'empêche que je ne dépasse pas les 9 km/h en pointe ! 

A 3h50 je traverse enfin Malataverne. Plus qu'une petite bosse avant d'arriver à Beaux, au 30e km où, en entrant dans le ravito, je croise Marc et sa fille qui repartent. Il est 4h21. Christian et Thierry sont là et se demandaient où j'étais passé. Je leur raconte vite fait mon égarement à Rosière pendant qu'ils finissent leur soupe, puis ils repartent dans la nuit. Moi aussi je vais prendre une soupe (malheureusement pas salée ce qui me fera faire beaucoup d'arrêts pipi dans l'heure suivante) avec quelques bouts de fromage et du pain.

Après 15 minutes de pause je repars avec Bernard, qui était là aussi (c'est pour ça qu'il est sur la photo ci-dessus, logique...). En sortant on croise Jean-Claude qui arrive, lui qui fait tout en marchant semble être sur un bon rythme !

Dans la descente, sur route puis sur sentier caillouteux, Bernard sent que je vais un peu trop vite pour lui et il me dit de ne pas l'attendre. On se reverra bientôt de toute façon.

Je passe seul à Vaure, ce petit village en pierres qui me fait lever les yeux de mes pieds pour contempler les jolies maisons à la lueur de ma frontale. C'est ainsi que je me rends compte que ça faisait longtemps que je n'avais pas regardé en l'air, et que les nuages ont complètement disparu laissant la place à des milliers d'étoiles autour de la majestueuse Orion, c'est superbe !

J'ai encore la tête dans les étoiles lorsque je traverse la Loire à Bransac avant de replonger dans la nuit noire en commençant la montée vers la Croix de l'Orme. Il n'est pas tout à fait 6h du matin quand le sommeil me tombe dessus. Mes yeux se ferment et je me mets à piquer du nez en marchant. Comme à la fin de l'Echappée Belle au mois d'août sauf que là je ne peux pas me focaliser sur les mollets de Christian pour avancer, ils sont un peu trop loin devant, les mollets de Christian... C'est très désagréable mais il faut coute que coute continuer à avancer. Il doit faire 3° tout au plus et il n'est pas question de s'endormir au bord de la route. Dès que la pente s'adoucit et que je peux trottiner ça me réveille un peu, mais dès que je dois repasser à la marche je me rendors. J'en suis à me dire que je vais dormir au ravito de Confolent, même une ou deux heures s'il le faut, peu importe.

Il est 6h36 lorsque j'entre dans le bar de la Boule de Confolent au 43e km. L'ambiance est totalement différente de la veille, il n'y a plus d'escargots ni de moules à manger d'ailleurs... mais en fait je n'y pense plus du tout à ce moment-là, je ne pense plus à grand-chose en fait. Ayant couru un peu avant d'arriver au ravito je me suis un peu réveillé et n'envisage plus de dormir là.

Après 20 minutes de pause pour me refaire la cerise à coup de café et de croissants je pars de Confolent, traverse le pont sur la Loire, puis celui sur le Lignon, puis ça grimpe, donc je marche... et je recommence à m'endormir. Pffff c'est dur de luter contre le sommeil, vivement que le jour se lève. Au pire je dormirai au ravito de Monistrol. Mais avant il faut survivre à l'interminable ligne-droite-de-la-mort !

Au bout de la nuit, de la ligne droite, de moi-même, je vois enfin la lumière de l'aube sur Monistrol.

Je commence à peine à me réveiller quand j'entre dans le centre-ville au 49e km. Il est 8h00, l'église sonne, le ravito est là mais je n'y dormirai pas. Je vais même très vite en sortir, le temps d'avaler un thé bien sucré et je sors au bout de 5 minutes. Maintenant que je suis réveillé je ne veux pas faire retomber la dynamique (c'est un bien grand mot à ce stade mais c'est l'idée...) donc je file (ça aussi c'est un bien grand mot !).

La Chapelle-d'Aurec arrive assez vite, malgré les besoins naturels qui font perdre du temps et les releveurs de pieds qui commencent à chatouiller. Je pointe au ravito à 9h20, 56e km.

Il fait beau, plus très froid, je peux enlever ma veste et malgré mon releveur gauche qui tire de plus en plus je peux encore trottiner dans les champs d'Ouillas, ça fait plaisir.

Les Gorges de la Semène sont encore plus belles que la veille avec ce soleil et ces couleurs d'automne. Et comme je descends tout doucement j'ai le temps d'en profiter.

Je franchis la Semène à 10h35, la crêpe n'est pas loin !

La remontée est raide mais la crêpe de Lafayette ça se mérite ! A 10h45, 64e km, c'est la régalade à l'abricot !

La fin est une formalité. Mes releveurs grincent (surtout à gauche) mais je m'en fiche, j'entre dans Firminy le poing serré, et je marche tranquillement jusqu'au boulevard de la Corniche et passe au trot quand ça devient plat dans le dernier kilomètre. Il faut bien, c'est quand-même plus classe de finir en courant, qui plus est quand j'entends en bas, devant la salle du CLCS, les encouragements enthousiastes d'Elisabeth qui attendait mon arrivée triomphale, c'est super chouette !

Après 68,5 km depuis Le Puy, 137 km au total depuis la veille ici-même, j'entre dans la salle du CLCS à 11h34 sous les applaudissements, incroyable !

La plupart des copains sont déjà là. Il doit ne manquer que Bernard et Jean-Claude qui arriveront bientôt et tout ce petit monde pourra partager sa joie d'arriver au bout d'un beau défi.

Celui qu'on a partagé sur l'aller-retour avec Thierry et Christian est extraordinaire et mérite quelques photos pour marquer le coup : sur la ligne d'arrivée, et la bise à la borne !


Place maintenant à la récup avec les fameuses saucisse-lentilles ! Puis s'en suivra une bonne sieste digestive...

A la remise des prix on aura même droit à une grosse coupe pour notre aller-retour, quel honneur ! (surtout pour Thierry qui se fera appeler Bernard pour l'occasion ha ha !)

Ainsi s'achève ce récit un peu décousu d'une aventure hors du temps qui marque la fin d'une saison 2022 très spéciale dont je ferai le bilan bientôt. En attendant il faut que je soigne mon releveur gauche pour repartir, je l'espère, sur de nouvelles escapades folles en 2023.


FIN...