lundi 31 décembre 2018

Bilan 2018 et regards sur 2019


En 2018, la montagne fut trop hard, les raids de fin d’année furent un succès.


Le principal objectif de 2018 était de faire mon premier ultra de montagne sur le format exceptionnellement long de la Montagn’Hard. En fin d’année, j’avais un échec à effacer sur Le Puy Firminy, puis, comme c’est une année paire, finir en beauté sur la SaintéLyon (exceptionnellement longue elle aussi) allait de soi.

Prévisions :

Pas de Coursières ni de marathon cette année, donc les objectifs étaient les suivants :
- Montagn’Hard Ultra : avec pour seul but de finir un premier ultra en montagne avec une nuit dehors.
- Finir la saison par l'enchaînement des 68 km de Le Puy - Firminy et des 81 km de la SaintéLyon à deux semaines d'intervalle.


Réalisations :


En chiffres ça donne :

2018km pour 54000mD+ 
Dont 416km pour 17100mD+ en compétition.

9 courses :
5 trails :
    Hivernale des Coursières 31k
    Trail du Lac de Paladru 50k
    Ultra Boucle de la Sarra 6h 35k
    Le Pilatrail 42k
    La Val'Lyonnaise 26k

1 trail long :
    La Montagn'Hard 62k (montagne)

2 raids :
    Le Puy - Firminy 68k
    La SaintéLyon 81k

1 semi-marathon :
    Les Foulées San Priotes


Et par rapport aux prévisions ?

La descente du Tricot finira de m'achever

Finir mon premier ultra de montagne sur la Montagn'Hard :

NON !
Une course très difficile et un manque de montagne dans la prépa m'ont amenés à l'abandon au 62e km, complètement fracassé. Tout est raconté ici : La Montagn'trop'Hard

Une saison finie en beauté !

Réussir l'enchaînement LPF et STL :

OUI !
Non seulement l'enchaînement des deux raids s'est bien passé, mais j'en tire de grandes satisfactions : de bonnes performances, la revanche sur Le Puy - Firminy, et une gestion des conditions difficiles bien maîtrisée sur la SaintéLyon.




La campagne du Lac de Paladru
De belles découvertes et des bonnes surprises :

OUI !
J'ai découvert le beau Trail du Lac de Paladru, j'ai participé pour la première fois à l'Ultra Boucle de la Sarra et j'ai aimé ça.
Je suis revenu sur l'Hivernale des Coursières, sur le Pilatrail, sur la Val'Lyonnaise et sur les Foulées San Priotes où j'ai réalisé de bonnes perfs, surtout sur le semi où j'ai explosé mon record, à mon grand étonnement !


A la Croix de Belledonne

Les beaux offs avec Kikourou et le LUR :

Les années se suivent et se ressemblent, avec beaucoup de offs partagés avec tous les copains rencontrés grâce à ces deux associations de coureurs sympas.
On a encore bien ratissé les Monts du Lyonnais, les rues pentues de Lyon, les collines du Nord (m)Isère, et même les cailloux du massif de Belledonne !


Afrique du Sud

Des sorties en solo en France et dans le Monde :

Cette année j'ai beaucoup bougé, en France et à l'étranger, pour les vacances et des week-ends de détente. Et à chaque fois j'en profite pour caser une ou deux sorties, dans des décors qui valent le détour, comme dans le Pilat, sur le Sénépi, dans la Drôme, en Ardèche, à Cuba et aussi en Afrique du Sud.



Et le vélo alors ?

J'en fais encore un peu. J'ai profité de la coupure de juillet pour le ressortir, entre autres pour une belle boucle de 80 bornes dans les Monts du Lyonnais, et un bon petit col dans le Bugey.



Regards sur 2019


La SaintéLyon a laissé des traces : une petite tendinite à la hanche gauche, donc je me suis accordé trois semaines de pause pour reprendre l'entrainement fin décembre.

2019 est presque là et après beaucoup d'hésitations (le choix de courses est vaste) j'ai dessiné le programme suivant :
- Du volume et du physique pendant quelques mois car le but c'est la montagne.
- Peut-être le semi des Foulées San Priotes, qui serait totalement hors sujet mais que j'aime bien
- Une première course de préparation le 25 mai, qui est déjà un gros morceau : le Grand Raid 73 (73 km, 4800 mD+)
- Une deuxième course de préparation le 15 juin, cette fois avec les copains d'Irigny : le Tour du Criou (53 km, 3500 mD+)
- Selon l'avancement de ma prépa, le 6 juillet, le Trail des Bauges (42 km, 2800 mD+) ou la Moins'Hard (39 km, 2900 mD+), ou du repos...
- L'objectif majeur le 20 juillet : l'Ultra Tour du Beaufortain (109 km, 6900 mD+)

Le deuxième semestre se précisera plus tard mais j'ai déjà quelques envies, pas toutes compatibles, comme le marathon du Run In Lyon, le Marathon du Beaujolais, le Sainté Trail Urbain... ou d'autres surprises, on ne sait pas.

Mais pour commencer, comme toujours, ça sera la rentrée habituelle des copains lyonnais à l'Hivernale des Coursières.


Bonnes fêtes de fin d'année et à bientôt en 2019 !!!


















dimanche 2 décembre 2018

Paire de raids - n°2 - La SaintéLyon


Deux semaines après Le Puy - Firminy, la SainteLyon était la deuxième manche de ma paire de raids, et pas des moindres !
En effet cette année la Doyenne fêtait son 65e anniversaire en grandes pompes (route ou trail ?) avec un tracé spécialement corsé, de 81 km, réunissant tous les passages mythiques des éditions précédentes, concocté spécialement par Alain Souzy, qui savait qu'il allait nous quitter. Comme il disait : « Les coureurs veulent en chier, alors ils vont en chier. »... bah ouais, on en a chié.

Le décor est planté. Le dossard est récupéré (ça je l'ai fait le vendredi soir), place au récit.


Les photos - le film


Samedi 1er décembre, de nombreux lyonnais ont préféré le train aux navettes de l’organisation, et je retrouve donc plein de copains dans le TGV de 19h05 à la Part-Dieu.
A 19h55 la colonne de coureurs est à Saint-Etienne en direction de la Plaine Achille. En route je retrouve mes parents venus m’encourager, c’est sympa. On discute un moment puis je rentre dans le Flore, le grand restaurant réservé comme chaque année par Kikouroù pour être ensemble et au calme avant le départ.
Au programme : pâtes à la carbo, tarte, café, papotages (notamment avec Sébastien qui espère que je ne le doublerai pas dans le dernier kilomètre comme au RIL 2016… quelle idée ?), applaudissements admiratifs pour les courageux de la 180 qui nous rejoignent au Flore après avoir fait le trajet à pied depuis Lyon. Ils ont eu beau temps et trouvent que le terrain est bon avec presque pas de boue... Autant le dire tout de suite, entre ce jour et la nuit, ça sera le jour et la nuit (CQFD).

Vers 21h30 je commence à me changer. Ca fait une semaine que je me pose des questions sur la tenue, avec des prévisions météo qui annoncent de la pluie et des températures douces. Combien de couches ? Longueur des manches ? Longueur du collant ? C’est maintenant qu’il faut choisir. Même si les températures sont chaudes pour la saison (5° annoncés à Saint-Catherine dans la nuit par exemple) je me méfie du ressenti, avec la nuit et la pluie. J’opte donc pour le collant long et trois couches en haut : première couche Helly Hansen, deuxième couche Cimalp manches longues et la veste de pluie Cimalp Storm. Je laisse les gants dans le sac car au-dessus de 0 j’ai rarement froid aux doigts en courant. Pour les chaussures c’est les Saucony KOA TR, comme prévu.

Comme il ne fait pas froid, il ne faut pas tarder à aller se placer dans la zone de départ si on veut partir dans les premières vagues car il y a déjà beaucoup de monde dehors. Je sors donc un peu après 22h00 avec Franck, Romain et David et on intègre la foule des coureurs prêts à en découdre, après avoir déposé nos sacs dans les camions. Il faut maintenant être patient. On discute un peu pour passer le temps et pour oublier que la pluie commence déjà à nous tomber doucement dessus. Puis le speaker nous parle du parcours « testament » d’Alain Souzy avant une minute d’applaudissements.

A 23h30 la SaintéLyon est lancée ! C’est la première vague qui part à fond, puis un quart d’heure plus tard la deuxième.
Nous sommes donc dans la troisième vague, la « vraie », celle de minuit !
Comme les deux vagues précédentes, nous avons droit à notre Light My Way, le décompte, et c’est parti !


Saint-Etienne - Saint-Christo : 19 km, 2h09


Ca fait du bien de bouger enfin et je m’élance à bonne allure, limite trop vite, dans les 11 km/h, sur les 3 premiers kilomètres de plat. Vient déjà la première variante de cette année, la côte de Saint-Jean-Bonnefonds, 2 km roulants où il ne faudrait pas se fatiguer de suite. Je réduis donc un peu la voilure, et relance raisonnablement dans la descente vers Sorbiers. C’est là qu’on retrouve le parcours habituel sous les encouragements des spectateurs qu’on remercie au passage.

On sort de Sorbiers par les coulisses sur les premiers chemins, mouillés, qui s’élèvent dans la forêt, avec parfois de beaux points de vue sur le serpentin de frontales. Pas de doute, on est bien sur la SaintéLyon !




Depuis le départ j’avance bien, sans avoir de grandes sensations, et avec une foulée que je trouve moins dynamique que ces derniers temps, mais pourtant efficace. Il faut dire que je n’ai presque pas couru depuis Le Puy - Firminy donc je ne sais pas trop où j’en suis physiquement. Je ne m’inquiète pas de toute façon il me faut toujours au moins une heure pour être dans le rythme. Ce qui pourrait m’inquiéter plus c’est que ce rythme soit trop élevé, il l’est un peu, pas excessif non plus, je ralentirai plus tard, me dis-je.

Pendant ce temps ça re-grimpe, et même bien, jusqu’au kilomètre 16 au-dessus de Valfleury, où on peut relancer en ayant l’impression d’être déjà bien dans le vif du sujet. J’ai eu un peu chaud dans cette longue montée et pour ne pas trop transpirer j’ai joué sur les fermetures éclair de la veste de pluie et du maillot, ça a suffi, et je les referme dès qu’il fait moins chaud. Ca va j’ai maintenant confiance en mon choix vestimentaire.

Saint-Christo est en vue, enfin, car ça fait déjà 19 km et 2h10 depuis le départ.
Il y a déjà du monde au ravito mais c’est grand et j’arrive à accéder rapidement aux tables pour refaire les niveaux des bidons, boire un gobelet d’eau gazeuse, prendre un petit cake et repartir aussi sec… euh non, il pleut encore je rappelle.



Saint-Christo - Sainte-Catherine : 32 km, 3h53


C’est roulant, je reprends mon rythme (toujours un peu trop rapide donc) jusqu’à la côte de la Croix Bicouri qui nous amène sur les crêtes. Presque 900 m d’altitude, le vent du sud, la pluie, là ça ne rigole pas ! C’est le seul moment où j’aurai un peu froid mais finalement pas trop, ma tenue est définitivement validée !

L’ajout de la descente de Plein Pot au milieu du parcours des crêtes rompt la monotonie de ce secteur que j’avais trouvé lassant il y a deux ans, j’aime bien. A 3h30 je commence à me mettre à l’aise. Je profite de la petite remontée qui suit pour manger une barre et mettre le MP3 en route. Petit coup de boost avec la petite descente un peu technique sur Sainte-Catherine. On ne peut pas dire que cette SaintéLyon 2018 aura été amusante, mais là je m’amuse un peu, quand même. En plus je suis bien content d’arriver à Sainte-Catherine car c’est à partir de là que je connais le parcours par cœur. J’avais juste envie d’expédier ces 32 premiers kilomètres pour être là, maintenant… enfin vingt minutes plus tard d’après mes prévisions, qui ne prévoyaient pas que j’irai si vite.
Ravito de Sainte-Catherine

A 3h53 j’entre dans la zone de ravito où je vais, comme prévu, faire ma plus longue pause. Remplissage des bidons, soupe, sandwich saucisson-fromage et go, le tout en 7 minutes ! Je m’étais mis comme objectif d’arrêter de perdre du temps sur les ravitos, là on est bien.




Sainte-Catherine - Saint-Genou : 47 km, 5h58


Ne pas traîner au ravito signifie quand même repartir en marchant avec le gobelet de soupe à la main. C’est toujours mieux que d’être resté scotché à la table. Une fois la soupe avalée, je remets une dose de poudre iso dans le bidon de gauche et le petit footing du dimanche reprend dans les rues de Sainte-Catherine.

Je suis toujours plutôt bien, et ça tombe bien car jusqu’à Saint-Genou il y a les 15 kilomètres cruciaux de cette SaintéLyon. Si je suis effectivement parti trop vite c’est là que je vais le sentir et il faudra alors que je ralentisse pour ne pas compromettre ma fin de course, me dis-je.

Dans la montée du Rampeau
En attendant c’est l’heure de s’envoyer le Bois d’Arfeuille fissa (comme d’hab), jusqu’au maintenant fameux tourne-à-gauche-droit-dans-le-mur du 38e kilomètre… voici venir le Rampeau !
Un mur de 700 m, 180 mD+, le changement de rythme est brutal. Heureusement, je connais la bête. Je sais que j’en ai pour un quart d’heure à mettre un pied plus haut que l’autre et que ça va bien se passer. En plus au milieu de la pente une petite distraction nous est offerte par Benoit et ses copains qui hurlent des encouragements autour d’un grand brasero, top ambiance !

Ce que je sais aussi (ça a du bon les recos), c’est qu’au sommet on est très exposé au vent et qu’on prend toujours un coup de froid. Alors je sers les dents et relance le trottinage pour vite me mettre à l’abri dans les jolies ruelles de Saint-André-la-Côte, au 39e kilomètre. Il est 5h00, je n’ai pas sommeil…

Le morceau suivant c’est le Signal, le point culminant de la course. En soi la montée n’est pas dure, car on le contourne pour y accéder en deux temps par le nord-ouest, mais elle est longue. La fatigue commence doucement à pointer le bout de son nez. Pour me distraire (l’une des rares fois où je sors de ma concentration) je regarde le serpentin lumineux qui me suit, puis je mange une barre de nougat, miam. Après une mini descente ça grimpe encore. Il est longuet ce Signal. Puis ça redescend. Je ne sais plus trop où on en est là. On a dû passer le sommet déjà… je ne l’ai même pas remarqué !

Retour dans ma bulle de concentration et à l’attaque du Bois des Marches, cette descente un peu caillouteuse où il vaut mieux avoir l’œil et le pied sûr, c’est mon cas, je me fais plaisir, même si je me suis déjà connu plus frais et plus véloce à cet endroit.

Au 46e kilomètre on traverse la D34 pour prendre le chemin de Saint-Genou. C’est là que commence vraiment l’Enfer de la Bouillasse Maudite ! On en avait déjà eu de la boue depuis le début, mais là elle est épaisse et liquide, il faut sans arrêt chercher les petits cailloux qui dépassent pour avoir un minimum d’adhérence et tenter de garder une foulée la plus aérienne possible (tant que faire se peut hein) pour ne pas glisser. Et pour couronner le tout, le brouillard s’installe. Il va falloir être vraiment concentré pour trouver les bons appuis.
Enfin là ce n’est que le tout début de l’enfer car voici le ravito de Saint-Genou, comme un petit paradis de lumière au milieu du boueillard (nom masculin : enfant maudit de la boue et du brouillard).

Il est 6h00, j’ai une bonne demi-heure d’avance sur mes prévisions pour finir en moins de 11h30, ce qui m’encourage à ne pas perdre de temps. Deux minutes pour refaire les niveaux des bidons et prendre un bout de banane (je crois, j’ai un doute sur mes souvenirs, en tout cas j’ai pris un petit truc à manger), et je m’en vais en découdre avec l’enfer.



Saint-Genou - Soucieu : 61 km, 7h51


Bois de Pindoley qui  monte, Bois de la Gorge qui descend, chemin entre le Richoud et le Boulard, que de la bouillasse. Et moi je commence à fatiguer un peu au niveau des muscles, des articulations et des pieds. La concentration de tous les instants imposée par la boue ne me laisse pas trop le temps de m’apitoyer sur mon sort, j’entre en mode combat. Je suis parti un peu trop vite depuis Sainté, je dois l’assumer, je me dis que je ne suis pas à l’abri de faire un exploit (moins de 11h serait un exploit personnel), mais pour ça il ne faut rien lâcher, je suis maintenant en mission. Attention aussi à ne pas se vautrer, j’ai déjà failli tomber deux fois dans la gadoue malgré ma grosse concentration. « Chaque mètre est un combat », « Je suis en mission », tel sera mon leitmotiv pour les heures à venir.

Un peu de répit au Boulard où on retrouve la route puis une descente qui passe bien, avant de grimper le Bois de la Dame. Je la trouve toujours très longue cette montée, mais pas cette fois. Je suis tellement autofocus dans ma tête que la machine à marcher en côte (qui avait fait merveille entre Le Puy et Firminy) est de retour, même si elle a un peu mal aux pattes.

En haut la machine à relancer marche encore et ça repart au petit trot vers le Bois Bouchat… boue-chat oui ! Une boue-cherie ! Comme on se disait avec un autre concurrent, on ne va pas dire que c’est Verdun parce que contrairement aux Poilus, nous, on a choisi d’être là… mais c’est quand même un sacré chantier !

Deux presque-chutes rattrapées in extemis plus tard (dont une fois avec les mains dans la boue), on tourne à gauche avant la chapelle Saint-Vincent et je déroule vers Soucieu sur des chemins un poil moins hostiles. Le jour se lève et la pluie cesse, je franchis le Furon et la petite côte qui suit avant de pouvoir me détendre sur les deux derniers kilomètres avant le ravito le plus cool du parcours, dans le grand gymnase de Soucieu.

Pas question pour moi de profiter du confort de ce super ravito, je fais mon plein d’eau, grignote un peu et je repars après quelques minutes, en marchant avec mon gobelet de soupe et un sandwich fromage jambon cru (trop bon du jambon cruuuuuuuu !!!!)



Soucieu - Chaponost : 70 km, 8h58


En sortant de Soucieu
A Soucieu, le plus dur est fait... et le plus dur commence : pendant 20 bornes il va falloir tenir le rythme et ignorer la douleur qui est de plus en plus présente dans les jambes à chaque foulée. Jusqu’à la passerelle puis le long du Garon c’est très roulant, donc je cours, et c’est dur. J’en arrive même à être content d’arriver au pied du Chemin des Lapins (une côté qui pique) car je vais enfin pouvoir marcher. Du coup elle passe bien et ce changement de rythme m’a fait du bien. Je peux relancer doucement au sommet et reprendre le trot sur la longue ligne droite jusqu’à Chaponost.

Le ravito n’est déjà plus très loin lorsque la batterie de la GoPro me lâche. Je n’ai pas envie de perdre du temps et je n’aime pas trop manipuler mon sac, mais je ne peux pas me priver de filmer le final de la course. Il va falloir s’occuper de ça, mais pas au ravito, car si j’ouvre le boitier dans la chaleur du gymnase c’est un coup à avoir de la buée. Je m’arrête donc quelques instants 200 m avant le rond-point du ravito pour faire mes manipulations.

Assez perdu de temps, le passage au ravito sera express. Je rappelle que je suis en mission quand même...



Chaponost - Lyon : 81 km, 10h25


Il est 9h00, il reste 11 km, c’est sûr que je peux faire moins de 11 heures, mais il ne faut rien lâcher car si je commence à céder à la tentation de la marche ça peut devenir très long. Je reste donc concentré sur l’objectif.


Boue...
C’est quand même de plus en plus dur, ça n’arrête pas de ne pas être plat. Petites montées, petits faux-plats, toujours relancer, sur le bitume, dans la boue, ou dans un chemin-ruisseau rigolo en descente… il me tarde d’en finir quand je vois un spectateur avec un buff rouge. J’ai failli passer devant sans le reconnaître tellement je suis à l’ouest mais c’est bien Baudouin qui est venu encourager les Kikous. Il va m’accompagner pendant près d’une demi-heure et ça fait vraiment plaisir. J’en oublie que j’ai mal partout. On grimpe ensemble la grosse côte de Montray puis il me laisse voler de mes propres ailes pour aller à la rencontre d’autres copains. Merci mec pour ce moment de soutien !

Dernière dose de boue dans le Parc Aventures, dernière bosse, la Mulatière, c’est moche mais ça sent bon la fin. En haut des escaliers du Grapillon les traditionnels panneaux posés par Laurent sont là et je me lance dans la descente des marches, deux à deux ! Oui oui, c’est un truc que je voulais déjà faire il y a deux ans mais j’avais bien trop mal aux jambes, alors là je le tente, et ça passe super bien, je dévale donc tous les escaliers deux marches à la fois !

La Saône
Le long de la Saône, j’ai le panneau 2 KM devant moi et juste en contrebas surprise, je vois Sébastien (souvenez-vous au début du récit), juste là quelques dizaines de secondes devant moi, le truc complètement improbable, je vais encore le doubler dans le dernier kilomètre ! C’est chose faite devant le musée de Confluence, mais je ne peux pas m’arrêter là, comme je le lui dit je dois filer car je viens de me rendre compte que je pouvais finir en moins de 10h30, c’est dingue. Et un pont Raymond Barre plus loin l’incroyable exploit se concrétise, j’entre dans la Halle Tony Garnier et lève les bras sous l’arche d’arrivée 10h25’33 après le départ, trop content !




Et après…


Je suis aussitôt félicité par Laurent puis rejoint par Sébastien. Sur un petit nuage et au pas du canard boiteux je m’éloigne doucement pour aller me faire photographier sous l’arche puis devant le fond « Finisher ». Ensuite je profite du ravito où Romain me rejoint (il a fait une belle perf avec un mollet douloureux depuis plusieurs semaines), avant qu’on aille récupérer notre médaille et notre t-shirt finisher. Il me faudra du temps pour me changer doucement avant d’aller au repas où on va refaire la course autour de nouilles et de bière avec Romain, Benoit, Franck, Caro... De bons moments d’aftersport.


Le canard boiteux finira par se trainer au métro pour rentrer, car je compte bien ne pas me laisser aller et répondre présent à l’invitation pour le café dans la belle-famille. Ils hallucinent un peu de me voir d’ailleurs, mais pourquoi donc ? Je suis en pleine forme voyons ! Une heure plus tard j’irai comater sur leur canapé pendant trois heures...






dimanche 18 novembre 2018

Paire de raids - n°1 - Le Puy Firminy


Les photos - Le film

Mon challenge de cette fin d’année 2018 est d’enchaîner, à deux semaines d’intervalle, le Raid Le Puy - Firminy et la SaintéLyon. Et puis ça fait quand même un an que j’ai envie de le finir ce Raid LPF (retour sur 2017).

Le samedi 17 novembre, après une bonne longue nuit qui se termine à midi, je retrouve Jean-Claude, Paul, Gilbert et Jan à 16h45 sur le quai de la gare Part-Dieu.
Après deux heures de papotage dans le train nous nous mettons à table dans une bonne pizzeria du Puy pour manger notre ration de pâtes, et un bon tiramisu aussi.

Le carton et la loupiote
Un peu moins de deux kilomètres de balade digestive et nous voici au Stade Lafayette, le site de départ de la course où nous aurons le temps de nous poser tranquillement après avoir récupéré notre carton (pas de dossard ici, mais un carton à tamponner) et le petit cadeau de l’orga qui est une petite loupiote jaune à accrocher au sac. Ajouté au gilet jaune obligatoire, ça nous permettra d’être bien vus par les voitures que nous ne manquerons pas de croiser en pleine nuit puisqu’une grande partie du parcours se fait sur route ouverte.

Un peu avant 23h je vais mettre le nez dehors pour prendre la température avant de me mettre en tenue. Il fait frais, mais pas trop, dans les 2°C, avec un ciel dégagé et pas de vent. Attention donc à ne pas s’habiller trop chaudement et à éviter l’erreur de l’an dernier où j’avais trop transpiré au début dans des vêtements pas assez respirants, ce que j’avais ensuite payé en ayant de plus en plus froid à cause de l’humidité. D’ailleurs ça m’a bien servi de leçon et j’ai investi dans des vêtements plus adaptés, sur le papier. Etant donné qu’il n’a pas encore fait froid cet automne je n’ai pas pu tout tester…
Je m’habille donc ainsi, de bas en haut :
- Chaussettes Kalenji
- Chaussures Asics GT2000-5
- Caleçon Kalenji
- Collant chaud Kalenji
- Short Kalenji par-dessus pour avoir des poches à disposition
- Première couche chaude et respirante Helly Hansen
- Maillot de vélo Mavic (encore des poches !)
- Veste Cimalp Blizzard 2, toute neuve et qui se révélera parfaite pour ces conditions.
- Le gilet jaune de la voiture
- Buff Kikouroù
- Gants légers Kipsta

Vers minuit moins le quart tout le monde est là (dont un joli contingent de Kikouroù), tout le monde est prêt et nous sommes 450 à nous réunir devant les tribunes du stade, sous la pergola qui fait office d’arche de départ. Tout le monde est content d’être là, ça rigole, et à 0h01, sous les ordres du starter, au compte à rebours, 3, 2, 1, … , ça rigole encore plus car le pistolet n’a pas marché ! Deuxième essai, pas mieux, alors la course sera lancée à 0h03 sur un « Bon… allez-y. »

Le départ au stade Lafayette
C'est donc parti, avec un peloton dans le désordre : des marcheurs à l'avant, des rapides à l'arrière, moi je ne sais où. Donc on double on se fait doubler, le tout sans encombres, il y a de la place.
Je suis Thierry et Sébastien un court instant, puis conscient qu'ils sont plus rapides que moi, je les laisse filer pour prendre mon rythme. Mais j'ai un peu du mal à m'y mettre pendant la première heure. Je ne me sens pas mal mais j'ai déjà l'impression que je transpire un peu trop, puis que ma tête n'est pas assez couverte, puis que si ça se trouve je vais partir trop vite. Bref, je me pose plein de questions relatives à mes soucis de l'an passé tout en essayant de ne pas me laisser envahir par des doutes inutiles, on verra bien, y a pas de raison que ça n'aille pas, et puis les étoiles dans le ciel sont vachement belles, voila qui me change les idées avec des pensées un peu plus positives.
Les pains au chocolat de Malrevers


A force de cogiter le temps passe vite et à 1h15 me voici déjà à Malrevers (km 12), au premier ravito. Je bois un verre de sirop de citron, mange mon pain au chocolat de rigueur, fais tamponner mon carton et ne m'attarde pas plus. Je repars en marchant le temps de finir de manger et de sortir les écouteurs. Je sentais depuis un moment que j'avais besoin de musique. L'effet escompté se produit, les premiers riffs déboulent, je repars au petit trot, je rentre dans ma concentration, cette fois je suis bien dans ma course, je n'ai ni chaud ni froid ni mal nulle part, c'est parti !



Petite montée, petite descente, puis grosse montée jusqu'à Coindet, où on peut enfin marcher un peu. Car ce qui caractérise cette course c'est que presque tout se fait en courant !
La bonne surprise c'est que ma marche en côte est super efficace, un pas puissant auquel je ne suis pas habitué, du coup je double du monde, et notamment Patrice que je retrouve à 2h10 juste avant le petit ravito de Coindet (km 19), duquel je repartirai très vite, avant lui.

Il y a maintenant une longue portion très roulante jusqu'à Beaux. C'est sur ces kilomètres de route que j'avais dégoupillé l'an dernier. Heureusement cette fois tout va bien, je me sens au top.

Dans la nuit noire de la Haute-Loire
Et pourtant le froid s'est installé sur la course. Les voitures garées sont bien blanches et à l'approche de Beaux on entre dans un brouillard givrant rendant la route piégeuse. Heureusement je ne glisse pas et pénètre à 3h15 dans la salle du ravito de Beaux (km 29), dans les mêmes temps que l'an dernier, mais cette fois, je n'en resterai pas là !
La bonne soupe de Beaux

Je prends quand même le temps d'avaler une bonne soupe chaude qui fait du bien, mais comme je le disais à Jan et Patrice, il ne faut pas trop s'habituer au confort, et ressortir affronter la route, le brouillard et le froid. Au passage je déconseille aussi à Patrice d'abandonner ici (il avait vaguement émis cette idée), j'en sais quelque-chose, ce n'est pas une bonne idée...


Après dix minutes de pause je reprends la route. Les kilomètres qui suivent sont plongés dans le brouillard. On n'y voit pas à vingt mètres et il faut être très vigilent pour ne pas louper le balisage. Ca a l'avantage de vite me remettre dans ma concentration et d'oublier qu'en sortant d'un ravito on se les gèle bien pendant une dizaine de minutes le temps de se remettre en température.

Alors qu'on tourne à gauche pour prendre un vrai chemin un peu caillouteux qui descend nettement vers la Loire, le brouillard s'estompe, et je dévale joyeusement jusqu'au pont de Bransac (km 36) qui enjambe la Loire avant d'attaquer la côte de la Croix de l'Orme. La montée se passe bien, j'ai toujours mon bon pas puissant qui va bien. C'est après la côte, sur les longs faux plats tout en relance, que je commence à sentir la fatigue. Ca se durcit et c'est bien normal après 38 km. Il en reste encore 30 à gérer, mais ça ne m’inquiète pas plus que ça, je suis dans un bon jour (enfin une bonne nuit), et je me contente de penser que le prochain ravito n'est plus très loin.

A la Boule de Confolent

A 4h50 j'entre dans la pittoresque salle de la Boule de Confolent (km 42), un bar à l'ancienne où une bonne pause ravito me fera le plus grand bien, avec notamment du thé et un pain au chocolat. Et là, surprise, Thierry et Mathieu sont là... ne sont que là devrais-je dire ! Normalement ils sont bien plus forts que moi, mais voila, ils ont loupé une balise et ont perdu une bonne vingtaine de minutes. Ils repartiront quelques minutes avant moi de Confolent.


Kikouroù est dans la place à Confolent... bien joué Laurent !

Sans trop m'en rendre compte, je me suis quand même arrêté presque un quart d'heure à Confolent, mais il y en avait besoin. Je repars donc peu de temps après Thierry et Mathieu que je vais garder en point de mire pendant toute la remontée qui suit le Pont de Lignon, avant de les perdre de vue à l'occasion d'une pause technique, au début de la longue ligne droite de deux kilomètres qui traverse Monistrol-sur-Loire.
Un sandwich, une soupe,
un Thierry...


Trois quarts d'heure après être parti de Confolent, donc à 5h50, j'entre déjà dans la salle des associations de Monistrol (km 49) pour un autre ravito où je retrouve bien sûr Thierry et Mathieu autour d'une soupe bien salée.

Encore un petit quart d'heure d'arrêt qui me permet de repartir sur un bon rythme. Je trottine encore bien et ma marche en côte est toujours satisfaisante. Le repos pris sur les ravito est clairement bénéfique. Je double et ne me fais jamais doubler, ce qui est très bon pour le moral. Il n'y a bien que Thierry et Mathieu que je n'arrive toujours pas à rattraper.


Et à 6h50, c'est juste après eux que j'entre dans le ravito de La Chapelle-d'Aurec (km 55). Ils en repartent presque aussitôt, et moi quelques minutes plus tard. Je les perds donc de vue mais je ne doute pas que je les retrouverai au prochain arrêt.

Alors que mes jambes me permettent encore de trottiner à bonne allure, ma frontale commence à clignoter, signe que la batterie arrive au bout du rouleau. Elle passe en éclairage minimum mais ça suffit car il commence à faire jour. Tant mieux, j'avais vraiment la flemme de prendre la batterie de secours qui est au fond du sac.

Dommage pour le levé de soleil, on n'y aura pas droit car il fait bien gris ce matin, alors que j’entame le kilomètre le plus fun du parcours puisqu'il s'agit du seul single purement trailesque de la course : une bonne descente dans les gorges de la Semène et une grosse remontée en face. Je m'amuse bien dans la descente et ne souffre pas trop dans les pourcentages de la montée, qui se radoucit à partir de Lafayette.

Début du single des gorges de la Semène

Au fond coule la Semène

Lafayette (km 63), c'est surtout le lieu tant attendu du dernier ravito. Celui où on mange LA crêpe ! Ca sera au Nutella pour moi svp Madame. Sur ce, il est 7h55 et je ne m'attarde pas et mange ma crêpe en marchant. C'est que j'ai une course à finir et que Firminy n'est plus très loin. Et puis je n'ai pas vu mes deux compères que je pensais retrouver là. Ca m'étonne un peu. Ils ont dû envoyer fort. Je vais quand même voir si j'arrive à les rattraper dans la dernière descente...


J'avance bien dans cette descente douce et roulante avec vue sur Firminy, mais toujours pas sur Thierry et Mathieu. Mais je n'y pense pas trop, je suis surtout content d'avoir l'arrivée à portée de main, même si je sais qu'il va falloir y remonter, à l'arrivée. Et juste avant le début de cette dernière côte, en entrant dans Firminy je tombe sur cet âne totalement improbable ! Obligé, je m'arrête pour mon traditionnel selfie (je suis bête des fois...) !


Ca c'est fait, maintenant je vais essayer de m'accrocher aux deux gars qui sont juste devant, des fois que je puisse les doubler dans la dernière montée (je suis vraiment bête des fois !). Sauf qu'il se remettent à courir et que je suis au taquet aussi. Je ne les aurai pas mais au moins la côte aura été vite avalée à ce rythme !

Et c'est ainsi qu'à 8h30, après 68 km d'une course qui se sera super bien passée, je passe sous l'arche et entre dans la salle du CLCS pour faire valider mon carton et ma 80e place au classement.
Mathieu et Thierry à l'arrivée

Bernard est là, content de le voir, mais où sont Thierry et Mathieu ? Pas là me dit-il... comment c'est possible ça ? En fait c'est juste qu'à La Chapelle-d'Aurec ils ont encore loupé une balise... tiens les voila qui arrivent.


On prend le temps de se remettre de nos émotions et de se changer pendant que les copains arrivent au compte-goutte, tous contents. Puis on va se délecter des saucisses-lentilles qui nous attendent au réfectoire (avec un verre de Beaujolais nouveau pas bon).

C'est autour de ce bon repas puis d'une petite bière que se termine cette super aventure dans le néant nocturne de la Haute-Loire avec plein de copains et de sourires.

FIN


Un dernier mot pour dire que je ne reprends la course à pied que légèrement le samedi suivant, car le maître mot est "repos", avant le deuxième raid :  la SaintéLyon le 2 décembre.












jeudi 25 octobre 2018

Saucony KOA TR adoptées !


Ce billet fait suite au précédent sur les Saucony KOA TR au sujet desquelles je peux tirer un premier bilan très positif de mes sensations après 200 km.

Le premier très bon point pour moi c’est que l’adaptation au drop de 4 a été très facile. Je m’y suis fait très vite et je trouve même ça très agréable.

J’ai parcouru des terrains variés avec une majorité de sorties mixtes route/chemin roulant et aussi quelques chemins plus techniques et caillouteux, avec une sortie la plus longue de presque 5 heures.
Et bien dans tous les cas je me suis senti bien. L’accroche est très bonne, la stabilité aussi et on ressent un bon amorti, tout en fermeté ce qui donne un dynamisme bien perceptible en plus d’un bon confort.

Le test ultime a été le final tout en descente de la Val’Lyonnaise dimanche dernier. 7 km qui commencent par un chemin assez technique, caillouteux et pentu, qui devient de plus en plus roulant, pour finir par 3 bons km de route. Comme je me sentais bien j’ai choisi de bourriner joyeusement dans cette descente, et les chaussures ont été parfaites. Pas de souci sur les appuis dans le technique et même pas mal en envoyant de gros appuis qui tapent à 16 à l’heure sur le goudron !

En action sur la Val'Lyonnaise

Ce qui reste à valider et qui ne le sera probablement pas avant la SaintéLyon c’est le ressenti après 10 heures de course, et le comportement des semelles sur terrain mouillé puisque jusque-là je n’ai eu que du sec.

Autant dire que je suis pleinement satisfait de ces chaussures, et que je les aime déjà beaucoup !



lundi 27 août 2018

Mon nouveau trip, moins de drop et plus de grip


Ce titre résume le challenge que je viens de m'imposer pour la SaintéLyon 2018, et j'en suis tout excité !
Je vous raconte ça, en commençant par le commencement.


L'éternel débat


Chaque année à la fin de l'été ressurgit l'éternel débat sur les chaussures à choisir pour la SaintéLyon : route ou trail ?
Il y a des centaines d'arguments, pour les routes ou pour les trails, en fonction du ressenti de chacun ou de points de vues plus théoriques. De quoi alimenter de longs fils de discussion.
En gros les chaussures de trail sont bien pour assurer accroche et stabilité sur les parties accidentées du parcours, mais manquent généralement d'amorti et de souplesse sur les 20 derniers km très roulants et bitumés, ce qui rend les dernières heures très dures quand on a déjà mal aux pattes. Et les chaussures de routes ont donc l'avantage du confort sur les parties très roulantes du parcours mais imposent une attention particulière à la pose du pied sur les surfaces accidentées.
Perso j'ai fait le choix des routes sur les deux SaintéLyon que j'ai courues en 2014 et 2016 et j'ai été content de ce choix. En 2014 le début était un peu boueux donc je glissais pas mal en routes, mais ensuite, même dans les chemins un peu techniques je ne me suis pas senti mal à l'aise et sur la fin j'ai vraiment apprécié de ne pas avoir de gros sabots qui tapent. En 2016 les conditions climatiques étaient encore meilleures et le choix des routes était incontestable pour moi. Qu'en sera-t-il s'il ne fait pas beau ?


La recherche de la chaussure idéale


Sachant que la STL fait de plus en plus la part belle aux chemins, ce qu'il faudrait, ça serait une chaussure typée trail avec la souplesse et l'amorti de chaussures de route.
En cherchant ce qui pouvait exister comme ça sur le marché j'ai commencé à repérer quelques modèles mais quand même trop typés trail. Puis ici sur Kikourou, l'excellent selassie mentionne une chaussure qui serait un bon compromis, la Saucony KOA TR.
Alors je me documente, je lis les tests sur internet, je compare, l'idée fait son chemin, et les questions se posent.
Ces chaussures semblent être le bon juste-milieu entre trail et route, mais finalement, ne devrais-je pas continuer à faire la SaintéLyon en routes vu que ça me réussit, et ai-je un intérêt à avoir une paire intermédiaire dans le placard alors que jusque là j'ai toujours eu une paire de routes et une paire de trail, rendant le choix facile en fonction de la sortie que j'allais faire. Oui, non, peut-être, je ne sais pas, l'avenir nous le dira... car je les ai commandées (en 46 parce qu'elles taillent vraiment petit) et je viens juste de les recevoir !



Saucony KOA TR : souplesse et petits crampons



Et le drop dans tout ça ?


Les KOA TR sont donc très intéressantes, mais se pose la question du drop (ça aussi c'est un éternel sujet de débat).
En effet ces chaussures ont un drop de 4 alors que j'ai toujours couru avec un drop de 10, que ça soit sur mes chaussures de route ou de trail.
Je vais donc devoir habituer mes mollets et mes tendons à un faible drop. Il va falloir y aller progressivement ce qui peut compliquer la préparation pour la SaintéLyon, mais je pense que j'ai encore le temps pour ça et que je peux en tirer un vrai bénéfice en terme de foulée et de confort si tout se passe bien.


Et maintenant...


Il n'y a plus qu'à se mettre au boulot pour préparer au mieux la SaintéLyon en conservant les routes pour les fractionnés et les sorties longues dans un premier temps et en me rodant doucement sur les KOA lors des sorties courtes et cool d'endurance fondamentale.
Et puis il faut quand même que je vous dise que je ne prépare pas que la SaintéLyon... je vais aussi m'aligner sur le Raid Le Puy - Firminy deux semaines avant, et ça, je le ferai en chaussures de route.




vendredi 13 juillet 2018

La Montagn'trop'Hard 2018










Le film - Les photos                   



La Montagn’Hard est une course en montagne, et c’est une course dure… c’est écrit dessus ! Et cette année, la course fête ses 10 ans. Pour l’occasion Olivier l’organisateur a prévu un parcours exceptionnel, et encore plus dur. Au lieu des 105 km habituels, le grand parcours en fera plus de 130 et fera des incursions inédites en haute montagne… enfin c’est ce qui était prévu avant que les grosses quantités de neige tombées cet hiver et tardant à fondre obligent Olivier à renoncer à ces variantes et à en trouver d’autres pour garder le format exceptionnel de cette édition, celui pour lequel on s’est engagé (oui oui, je me suis engagé dans cette folie…) c’est-à-dire entre 130 et 140 km pour 11000 mD+.
De Saint-Nicolas-de-Véroce à Saint-Nicolas-de-Véroce en passant par Megève, le Prarion, le Mont Lachat, le Tricot, Tré-la-Tête, le Mont Joly, le Beaufortain en une succession de longues montées et descentes qui font la spécificité et la difficulté de l’épreuve. Le profil, en mode roadbook en 38h ressemble à ça :



Compte tenu de la longueur de cette édition 2018, le départ, traditionnellement donné le samedi à 5h00, est avancé à minuit. C’est pratique, ça évite d’avoir à prévoir un hébergement sur place pour le week-end… mais ça va faire deux nuits blanches en course !!

Le décor ainsi posé fait peur, surtout pour moi qui n’ai encore pas d’expérience en ultra distance montagneuse, mais c’est super motivant. Et bien évidemment le projet de finir cette Montagn’Hard a conditionné mon entrainement sur ce premier semestre, en essayant d’ajouter du travail de D+, de renforcement, du volume… mais au final les contraintes personnelles et professionnelles ont un peu pris le dessus et je n’ai pas pu en faire autant que je voulais. Je n’ai pas non plus réussi à caser un week-end choc. Seulement trois sorties à plus de 2000 mD+ : le Trail du Lac de Paladru, le Pilatrail et une virée au Sénépi (les vidéos en cliquant sur les liens).

La dernière semaine a été consacrée au repos, et à la grasse matinée vendredi, avant de retrouver Rémi à Bourgouin, puis Antoine en Chartreuse et de mettre le cap vers Saint-Nicolas-de-Véroce où nous arrivons en fin d’après-midi. Tout est encore très calme et on ne dirait vraiment pas qu’il va y avoir une course dans quelques heures. On retire donc nos dossards puis on va se mettre au chaud (oui parce qu’il fait un peu frais à Saint-Nicolas) au « Coin du Feu », où on retrouve William, pour papoter et boire des cafés en attendant que le temps s’écoule doucement. On a du mal à réaliser qu’il va falloir s’activer à minuit.


Kikouroù est dans la place
A 23h00 ça se précise. On se met en tenue de combat, du monde commence à arriver dans la zone de départ, dont de nombreux Kikouroù. La Montagn’Hard est certainement la course où la densité de buffs et casquettes rouges est la plus importante !


Papotage, entrée dans le sas, happy birthday, briefing, 5 4 3 2 1 et c’est parti dans la nuit pour avaler d’entrée de jeu un bon 900 mD+ jusqu’à l’épaule du Joly.



Saint-Nicolas-de-Véroce - Les Plans : 21,8 km 1550 mD+ en 4h00


Cette première montée est donc plus qu’un échauffement elle est déjà longue et raide. Elle donne le ton du parcours. On reste groupé avec Antoine et Rémi, sans trop forcer, dans la bonne humeur. On sort des bois et on grimpe les raides pistes de ski. Quand je lève les yeux, pensant voir les étoiles, je ne vois qu’un serpentin lumineux qui monte jusque aux cieux… c’est beau, mais ça signifie surtout que la fin de la montée n’est pas pour tout de suite.

Au bout d'1h20 on bascule dans la descente histoire de dérouler un peu les gambettes. Antoine trouve d’ailleurs qu’on descend trop vite alors qu’avec Rémi on a l’impression d’y aller vraiment cool. C’est qu’il a de l’expérience l’Antoine, et que les descentes c’est ce qui fait le plus de mal sur un ultra. Bref, là on est quand même à l’aise. Jusqu’aux 2 km de goudron sur les hauteurs de Megève qui sont moins rigolos et où il faut prendre garde à ne pas trop courir.

A 2h15 on attaque la montée vers le Mont Joux sous un ciel aux mille étoiles. Et cette petite lune qui éclaire légèrement la nuit permettant de distinguer les sombres silhouettes des Aravis et des Fiz. Revenons-en à notre montée. William nous a rejoint (ou c’est nous qui l’avons rejoint je ne sais plus), puis raisonnablement il se laisse un peu distancer dans les parties les plus montantes. Moi aussi, quand ça monte bien je laisse Antoine et Rémi me distancer un peu puis je les rattrape sans forcer quand il y a des replats. Je sais que c’est un piège de vouloir rester avec des gars plus forts que soi, il vaut mieux que je prenne mon propre rythme, mais vu qu’ils y vont cool je préfère rester avec eux car plus on est de fous…

600 mD+ de plus dans la musette et nous revoici dans la vallée des Contamines sur une descente parfois bien raide, le truc traître qui oblige à jouer du cuissot alors qu’on aimerait bien dérouler gentiment !

Après 4 heures qui sont passées plutôt vite, nous arrivons aux Plans où le premier ravito a été installé. Nous finissons donc cette nouvelle boucle, qui est le plan B d’Olivier pour remplacer la portion de haute montagne qui a été annulée.

Etat des lieux au ravito :
- On a parcouru 22 km 1550 mD+ en 4h00.
- On a déjà un petit quart d’heure de retard sur le roadbook 37h de Christian. Pas grave mais bon.
- Christian, qui abandonne par prudence pour ménager son genou blessé, triste mais sage décision.
- J’ai la dalle et des noix de cajou et deux petits sandwichs tomme jambon cru me font le plus grand bien.
- Je rempli mes deux bidons que j’avais presque terminés, mais pas encore le troisième que j’ai pris pour plus tard, quand les ravitos seront espacés de plus de 4 heures.
- Je me trouve globalement un peu raide musculairement depuis le début, j’espère que ça va se dérouiller plus tard, mais je n’ai pas de super sensations. Peut-être l’effet du départ à minuit.


Les Plans - Les Toilles : 10,3 km 850 mD+ en 2h10


Après 10 minutes de pause on reprend le chemin « historique » de la course, en descente jusqu’à Bionnay, puis en longue montée jusqu’aux Plancerts. Comme d’hab je me laisse un peu distancer par mes deux compères dans les parties les plus raides, d’autant que je me trouve déjà un peu poussif en montée. Par contre là où j’ai de bonnes sensations, c’est dans les yeux ! Le jour se lève doucement sur les Aravis, puis les Fiz, et au détour d’un virage voici le Mont Joly qui nous salue.

Les Fiz au petit matin
Vue sur le Mont Blanc depuis les Plancerts
Le haut des Placerts est atteint à 5h47 sous l'oeil bienveillant du Mont Blanc, et donc place à la descente, plutôt roulante, c’est donc encore un piège à quadris, il faut y aller doucement afin d’arriver au ravito des Toilles en bon état à 6h20. On a parcouru 32 km 2400 mD+.
Re-sandwichs, re-remplissage des deux bidons, re-glouglou de Saint-Yorre, et ça repart après 10 minutes d’arrêt.


Les Toilles - Bionnassay : 11,4 km 850 mD+ : 2h25


Cette section c’est celle du Prarion, celle où le parcours devient encore plus beau… et encore plus dur ! Même si jusqu’au col de la Forclaz la montée reste assez facile, je laisse encore filer Antoine et Rémi devant. Puis après le col le sentier devient plus raide et plus technique, et là je commence vraiment à piocher. Antoine me conseille de bien boire et bien manger, ce que j’ai pourtant l’impression de faire mais peut-être pas assez, du coup. Bref, je prends mon rythme lent et je les laisse partir. Heureusement, la vue fait du bien tellement c’est beau.

Vue sur les Fiz
Vue sur le Mont Blanc

Au sommet c’est encore plus beau, je retrouve mes deux acolytes le temps d’une photo. Il parait que j’ai une salle tête d’ailleurs… faut dire que le Prarion m’aura un peu mis dans le dur ! Du coup cette fois on se sépare pour de bon et je descends doucement, tant bien que mal. Y a pas à dire je ne suis pas en forme et je commence même à me demander si je pourrais venir à bout de la longue section entre Bionnassay et Miage.


Ca cogite dans la descente mais de toute façon y a pas 36 possibilités, le plan c’est de bien me ravitailler à Bionnassay de repartir sans se poser de question et de faire le point à Miage. Si ça se trouve la forme va revenir (si ça se trouve…).



En bas de la descente je croise Christian, qui s’est mué en super-suiveur, puis Elisabeth, puis des ânes juste avant le ravito, voilà qui me redonne le sourire.



Il est 8h55, on a parcouru 43,5 km 3250 mD+.
Au ravito je retrouve le fameux combo tomme-jambon cru, des fruits secs, et bien sûr du carburant liquide pour cette fois remplir mes trois bidons.
Je pensais trainer un peu plus longtemps ici pour reprendre des forces, mais Antoine et Rémi repartent du ravito avec un argument qui me fait changer d’avis et repartir dans leur sillage (en prenant à manger dans les poches quand même pour la route) : plus on traîne ici alors qu’il fait encore frais, plus on va subir la chaleur sur la suite du parcours. Imparable.



Bionnassay - Miage : 18,7 km 1800 D+ : 5h05


Nous voici de nouveau sur une portion inédite du parcours, qui commence par la « petite » montée vers Bellevue. C’est une montée un peu plus courte que les autres, mais quand même, il faut se la faire. Pour moi en tout cas ça va un peu mieux. Le petit regain de forme post-ravito que j’espérais semble se produire. En haut je profite de la belle vue (normal) et je me jette tel un escargot au galop dans la descente, mais doucement hein, parce que ça fait un peu mal quand même.

Les belles vues...
... de Bellevue
A 10h20 je suis au pied d’une longue ascension, celle du Mont Lachat : 820 mD+. Et là je rame. Le regain de forme est bien terminé et c’est de plus en plus dur. Les muscles et les tendons tirent. En levant les yeux, tout là-haut en direction du Mont Blanc, j’imagine le chemin qu’on aurait dû prendre si le parcours prévu initialement avait été maintenu… et ben je regrette beaucoup moins qu’on n’y aille pas finalement, car je ne vois pas comment j’aurais pu grimper ça tellement je peine dans ce début du Mont Lachat.

Le parcours initial devait grimper tout là-haut !
Le pire c’est que depuis le temps que je me sens à la ramasse je continue de doubler beaucoup plus que je ne suis doublé. Ca sent le carnage cette course.

Une constante aussi depuis le début : plus c’est dur, plus c’est beau. Et à 11h47, au sommet du Mont Lachat à 2115 m, et ben c’est très beau !

Au sommet du Mont Lachat
Et ça redescend en direction de Bellevue pour boucler la boucle et profiter d’un ravito liquide improvisé. Ca tombe bien. J’avais encore du fuel dans les bidons mais plus beaucoup et il reste encore du chemin jusqu’à Miage.



Un petit coucou à Jeanne, la rame du TMB ici présente, et je continue de descendre en direction de la mythique passerelle de Bionnassay. Mais cette descente est irrégulière, un peu technique, et ça commence à être un vrai supplice pour mon pauvre corps endolori.



J’entre alors sur le territoire des randonneurs (que je double (quand même je ne suis pas si lent que ça ;) )) et des coureurs de la MH60 et de la Moins’Hard (qui me doublent).

Puis voici la passerelle avec son torrent toujours aussi impressionnant.

La passerelle de Bionnassay
Ensuite, c’est la montée vers le col de Tricot. Et de nouveau, je rame, grave. Je suis aussi à la ramasse et dans la douleur en montée qu’en descente. Là je sais que je n’irai pas plus loin que Miage. Je suis complètement moulu.

Un petit névé plus tard, me voici au col, avec la vue imprenable sur les Dômes de Miage, le ravito de Miage… et la terrible descente de 500 mD- qui me sépare de celui-ci.

Début de la descente du Tricot vers Miage
Il m’aura fallu une demi-heure de souffrance pour me traîner en bas, jusqu’au ravito, où je retrouve Christian, et Stéphane (bénévole aux petits soins, merci !). Je ne tarde pas à annoncer mon abandon. Je n’ai plus besoin d’y réfléchir tellement tout mon corps, des pieds à la tête en passant par les cuisses et le dos, me fait mal. Je ne peux plus rien en tirer. C’est terminé.

Avec Christian à Miage
J'abandonne donc, fracassé après 62,2 km 5050 mD+ et 14h10 de plaisir et de souffrance mélangés.


Bilan


J'ai une bonne déception à digérer pour plusieurs raisons :
- Un abandon ça ne fait jamais plaisir, mais là c'est la première fois que j'abandonne sur une course qui était un objectif, ça passe donc encore moins.
- Finalement je n'avais à peu près aucune chance de finir (je n'ai pas pu faire le volume d'entrainement qu'il fallait et je le savais) donc ce n'est même pas l'abandon en tant que tel qui me fait rager, mais c'est de ne pas avoir pu rester plus longtemps en bon état physique et de ne pas avoir pu continuer au moins jusqu'au Joly (ou au moins jusqu'à la bif).
- Avec la MH60 2016 et le Tour des Fiz 2017 je restais sur deux formats 60 km/5000 mD+ et je comptais bien monter d'un cran. Raté, j'ai encore fait 60 km / 5000 mD+, et en plus mauvais état en plus.
- Je n'ai pas assez profité de la beauté des lieux, et de la convivialité kikouresque.
- Je voulais découvrir les sensations qu'on ne rencontre qu'en ultra, mais pour ça il faut tenir un peu plus que 14h mon gars...

Je dois donc me laisser un peu de temps de récup, tirer les leçons de cet "échec", puis retourner au charbon et me projeter sur d'autres objectifs, pour fin août ou début septembre ça serait top mais rien n'est sûr du tout. Sinon il y aura toujours la SaintéLyon début décembre.