dimanche 24 mars 2019

L'épique Trail des Piqueurs


Il y a un an, une petite délégation lyonnaise était allée se perdre au fin fond du Livradois, et à leur retour, ils ne tarissaient pas d’éloges sur le Trail des Piqueurs.
Fin 2018, les Amis de Kikouroù lancent le TASK (Tirage Au Sort Kikouroù) pour faire gagner des dossards sur plein de courses sympas. L’un des premiers mis en jeu sera pour le Trail des Piqueurs. Influencé par les bons retours de l’an dernier, je participe, et je suis tiré au sort ! Super content de représenter Kikouroù sur ce trail réputé ludique, dur et sauvage, que je vais adorer, c’est sûr, même si physiquement, ça fait un peu peur.


Trail des Piqueurs - 24/03/2019 - 52 km / 2450 mD+


Samedi après-midi, Sébastien me récupère à Lyon et on roule sur des routes de plus en plus petites jusqu’à Saint-Jean-des-Ollières, charmant petit village perdu dans le Livradois. Il fait beau, on récupère les dossards et on s’en va profiter du coucher de soleil et d’un bon repas bio et local à l’Auberge d’Egliseneuve-des-Liards En compagnie d’un autre traileur, venu d’Ile de France. On y passe une bonne nuit.

Dimanche, le réveil sonne à 5h00. Nos sympathiques hôtes se sont exceptionnellement levés tôt aussi pour nous préparer un bon petit dèj. Dehors il doit faire 2° et un maximum de 15° est annoncé dans la journée avec un grand soleil. Je m’équipe en fonction : corsaire en bas, et maillot manches longues sur le maillot manches courtes en haut, les manchettes en plus, le buff sur la tête et la casquette dans la poche. De quoi enlever les couches nécessaires quand la température va monter.

A 7h00 il fait super beau, pas trop froid, le bœuf Salers tourne sur sa broche, et la troupe s’élance pour 4 km d’échauffement globalement légèrement descendant, c’est agréable.

Au 5e kilomètre, le chaos basaltique du Courdeloup se dresse devant nous, les choses sérieuses commencent. Ca se grimpe comme un gros escalier, en mettant un peu les mains quand-même. On est frais donc ça passe bien en faisant un peu chauffer les cuissots. Par contre j’ai perdu Sébastien, à force de fixer mes pieds et les cailloux. On ne se reverra qu’à l’arrivée (non, cette fois je ne vais pas le doubler dans le dernier km !).

Dans le pierrier du Courdeloup

Pierrier du Courdeloup

Les kilomètres suivants sont beaucoup plus roulants, en détente. C’est comme ça sur ce trail : il y a des portions raides et techniques séparées par des liaisons roulantes. C’est ainsi qu’on arrive assez vite au premier ravito, après 9 km, où je refais les niveaux, deux rondelles de banane, une tranche de pain d’épice pour la route et je ne m’attarde pas. Les sensations sont bonnes et les premiers hors-pistes velus nous attendent dans les kilomètres à venir. On entre vraiment dans ce qui fait la spécificité du Trail des Piqueurs : ces singles en forêt avec des descentes super raides vers de beaux ruisseaux à traverser et à longer, puis on remonte en face droit dans des pentes à plus de 35% (bien plus même parfois). Heureusement que des cordes sont là pour nous aider dans ces pourcentages de folie, et heureusement aussi que j’ai écouté David qui me conseillait de mettre des mitaines pour me protéger les paumes.

Au 17e kilomètre, on monte gentiment sur une piste assez roulante, mais pas assez pour courir. J’en profite pour me détendre en marchant d’un bon pas quand-même, mais le cerveau est au repos, je suis dans la lune. Depuis plusieurs minutes il y a un gars quelques dizaines de mètres devant, qui ne me distance pas, que je ne rattrape pas non plus… sauf quand il finit par s’arrêter pour me dire que ça fait longtemps qu’il n’a pas vu de balise. Moi non plus, vu que je suis dans la lune… Bref, on a loupé une bifurcation 500 mètres plus tôt. Pas grave, on a juste perdu 6 ou 7 minutes dans l’affaire. Je me re-concentre sur la course et c’est reparti pour des up & downs raides et rigolos, avec plein de jolies jonquilles partout.

Au ravito du 23e kilomètre il est 10h10, il est temps de manger un morceau (en plus de refaire le plein des bidons bien sûr). Tucs, Saint-Nectaire, jambon, un carré de chocolat et un abricot sec, le tout dans le désordre sinon c’est pas marrant, et je repars en marchant et en finissant mon petit repas.

Les portions vallonnées se succèdent et j’ai comme un coup de mou pendant une petite heure. Le parcours exigeant m’a déjà un peu fatigué mais en fait je mets surtout cette petite baisse passagère sur le compte de la digestion du ravito.



Au 32e kilomètre ça va mieux et ça tombe bien, car comme nous l’indique le petit panneau, nous entrons dans le Vallon des Martinanches. Cet endroit est féerique. Il y a le ruisseau, tous ces arbres couverts de mousse verte et les rayons du soleil qui viennent se faufiler au fond de cette petite vallée encaissée.


Le Vallon des Martinanches

Mais très vite il faut cesser de s’émerveiller et ressortir le piolet (mince je n’en ai pas !) car pour sortir du vallon c’est raide de chez raide (« l’escalade c’est par là », comme dit le panneau). Un beau mur, des passages entre les rochers, le ruisseau à traverser, encore un mur, et enfin le replat dans un joli bois puis sur une piste roulante jusqu’au ravito du Château des Martinanches.

Le Château des Martinanches

Ravito des Martinanches
Château des Martinanches
Il est superbe ce ravito du 35e, avec les bénévoles en costume médiéval devant ce château et ses douves… je l’aurais bien visité moi celui-là. Mais c’est pas tout ça, il est 12h12 et donc j’ai faim. Pain, fromage, jambon, mais pas trop pour ne pas avoir de contre-coup digestif comme tout à l’heure.

En longeant le Vallon des Martinanches, on est sur un chemin qui devrait être roulant, s’il n’y avait pas tous les 30 mètres un arbre tombé en travers à franchir, par-dessus, par-dessous, double-franchissement par-dessus, triple oxer… ils nous ont pris pour des chevaux ou quoi ? Bon allez, il était rigolo quand-même ce chemin, tant qu’on ne devait pas prendre à gauche tout droit dans la grosse pente… ah ben si tiens, on prend à gauche !



Quelques up & downs plus tard, au kilomètre 43, voici un joli ruisseau tombant sur les rochers, c’est la Cascade de la Cruche « où l’on pourra pratiquer le canyoning… à l’envers !! » comme le dit si bien le site de la course. Et bien devinez quoi, c’est à l’image de ce trail : très beau et très raide ! Tellement raide que je dois me hisser grâce à la corde, à la force des bras (et des jambes aussi quand même, il ne faudrait pas qu’elles s’ennuient).




Deux ou trois petites grimpettes de plus et voici le dernier ravito, au kilomètre 46. Ravito rapide, selfie réglementaire avec les ânes et je m’en vais en finir avec les 7 derniers kilomètres, tant bien que mal car je commence à être atteint physiquement à force de grimper raide, descendre raide, enjamber des arbres, fléchir pour passer sous des arbres et toujours relancer entre les difficultés.

On n'est pas bien là ?

Encore une bosse à passer pour arriver sur le fameux dernier obstacle au 50e kilomètre : le Pic de la Garde. Un bon gros chaos basaltique dans lequel je progresse doucement avec ce qu’il me reste de forces, de pierre en pierre tranquillement, et une fois en haut, ce n’est pas fini ! Il reste le sommet, un gros rocher à escalader… et puis tiens un autre derrière ! Et enfin la table d’orientation et la Vierge. J’admire la vue et me lance dans la dernière descente.

Le pierrier du Pic de la Garde

L'un des derniers blocs à escalader

Au sommet du Pic de la Garde

Histoire de ne pas finir sur une descente facile, le dernier kilomètre est en côte, il fallait bien ça pour se finir ! Et voilà le village, l’ambiance, le speaker, l’arche, c’est fait ! En 8h10 je boucle ce super trail fatigué comme il se doit mais en bon état et vraiment très content d’avoir découvert ce vrai beau parcours de trail sauvage, parsemé de bénévoles et de spectateurs chaleureux !

Sébastien est là, bien cramé aussi, et on refait la course. Une petite bière, l’excellent repas avec bœuf, patates au lard, Saint-Nectaire et soleil, et il est temps pour nous de trainer nos carcasses jusqu’à la voiture (qui n’a jamais été aussi loin) pour rentrer à Lyon après une bien belle journée de sport et de nature.










dimanche 3 mars 2019

Cabornis à l'improviste

Et oui ce n'était pas prévu, et pourtant j'ai fait les 40 km du Trail des Cabornis le 3 mars dernier.

Les photos - Le film

En général j’aime bien planifier mes courses à l’avance, et les préparer en étudiant le parcours, mais là… j’ai juste cliqué !
L’explication de ce clic impulsif tient en quelques points :

1) Je n’ai jamais fait cette course locale qui est toujours mal tombée dans mon planning
2) J’avais complètement oublié qu’elle serait ce week-end et puis de toute façon je pensais être en vadrouille loin de Lyon
3) Finalement j’étais dispo, donc, à trois semaines du Trail des Piqueurs, j’envisageais de me faire une bonne sortie longue dans les Monts du Lyonnais
4) Sur Kikourou, le jeudi, le surnommé Benman propose de covoiturer qui veut pour aller aux Cabornis
5) Me souvenant subitement que cette course existe, je me dis que ça ferait une bien belle sortie longue, avec un covoiturage tout trouvé avec un copain, et en plus je suis en super forme en ce moment donc même pas peur de faire 40 km
6) Je clique !


Dimanche matin je retrouve donc Benoit, et Jérémy, pour aller en voiture à Chasselay, lieu de départ et d’arrivée du Trail des Cabornis qui nous propose une belle balade de 40 km / 1800 mD+ dans les Monts d’Or par un temps doux et plutôt ensoleillé.

On arrive presque pas en retard, mais il ne faut pas traîner pour prendre le dossard, les affaires de course (sans oublier la GoPro qui a failli rester dans le coffre), et se mettre en position dans le sas où on croise quelques sympathiques connaissances.

9h00, hommage à Juliette Bénédicto, et c’est parti pour deux kilomètres de mise en jambes avant la longue montée vers le Mont Verdun.
Les courses de 22 et de 40 km partant en même temps, il y a une grosse densité de population sur les premiers sentiers. On se sent un peu oppressé mais les chemins sont larges et je ne comptais de toute façon pas faire de folies en début de course (car 40 km c’est quand même long), donc je prends un rythme un peu en dedans en suivant le troupeau, et en regardant Benoit s’en aller doucement mais sûrement.

Sur le replat qui suit je suis rejoint par Franck et Bruno avec qui je fais connaissance. On papote un moment, jusqu’à ce que je doive faire un arrêt vidange.

Derrière Franck et Bruno sur l'une des quelques parties bitumées du parcours

Naturellement je me sens plus léger, et je déroule facilement sur un terrain plus roulant que je croyais.
Le bon état de forme que je ressentais à l’entrainement se confirme, je suis vraiment bien, et je finis par rattraper Franck et Bruno… puis par les distancer.

Un petit passage au ravito du 15e, animé en musique, pour refaire les niveaux, grignoter quelques bricoles boire un coup de Coca, et je relance. Globalement sur cette course j’ai beaucoup relancé, dès que ça devient roulant, je relance, et les jambes répondent bien. D’autant plus que sur cette première moitié de course j’ai l’impression qu’on ne fait que descendre.

Bien sûr je sens ma petite douleur à la cheville gauche, surtout dans les descentes roulantes, mais ça ne me gêne pas trop pour l’instant. On verra plus tard si ça se dégrade. En attendant ça descend encore plus puisqu’on plonge vers Couzon-au-Mont-d’Or au 20e km. Enfin des chemins que je connais (parce que la plupart du temps je ne savais pas trop où j’étais, vu que je ne vais pas souvent dans les Monts d’Or et que je n’avais pas repéré le parcours avant). Je sais donc ce qui nous attend à Couzon… on va forcément remonter droit sur le Mont Thou par le célèbre segment du Mont Thou express. En effet, c’est bien les pentes du Mont Thou express que j’attaque à 11h25 après 22 km. Je me dis que c’est maintenant que je vais savoir s’il faut gérer ou si je vais pouvoir me lâcher sur la deuxième partie de la course. Je prends mon rythme dans la montée, plutôt bon, pendant un moment je suis tout seul, ça change du début de course, puis je rattrape quelques coureurs avant de basculer dans la descente vers Saint-Romain.

Je ne sens pas de coup de mou après la mi-course et cette bonne côte, tout va bien et je continue de bien relancer sur les alternances de petits raidards et de pistes roulantes autour du Mont Cindre… jusqu’à ce que je tombe sur Romuald. Ca me surprends car il est normalement bien plus rapide que moi. Mais le pauvre est dans un mauvais jour et doit gérer des débuts de crampes. Je l’encourage et continue ma progression, de caborne en caborne, de coureur en coureur.

Une caborne

C’est ainsi que je finis par reprendre Benoit qui commence à fatiguer après 30 km et que je lâche dans la « côte du segment Strava », je suis impitoyable !



Pendant quelques kilomètres on repasse sur les mêmes chemins qu’en début de course, avec une belle vue sur les Alpes et le même ravito qu’au 15e, sauf que là on est au 32e. Petite pause remplissage, grignotage, petite soupe bien bonne et descente vers Poleymieu, avec des jambes toujours en forme, et même ma petite douleur à la cheville qui s’estompe au lieu d’empirer, que demander de plus ?
Ben le retour du soleil par exemple… ok le voici ! Dans la dernière côte, jusqu’à l’église de Poleymieu, le paysage est top, l’église ensoleillée, la pente est raide, juste ce qu’il faut pour monter doucement en prenant des photos.

La côte de l'église de Poleymieu

Fin de la côte, donc relance ! C’est encore un peu vallonné jusqu’à la Croix Rampau puis c’est la dernière descente, à fond. Je donne tout ce qui reste, puisque j’ai encore de l’énergie et que j’aime bien descendre comme un cochon, grouik !

Dernier kilomètre, fin de la descente, je vois un coureur au loin, alors je veux le doubler, je donne tout pour finir 8 secondes derrière lui, mais au moins j’ai profité jusqu’au bout de ma super forme du moment et je suis très content de passer la ligne 138e en 4h36, bien plus rapide que je ne l’aurais imaginé, en ayant la sensation d’en avoir encore sous le pied… ça c’est le pied !

Maintenant c’est la dernière ligne droite avant le Trail des Piqueurs le 24 mars. J’espère garder cette belle forme et ne plus avoir mal à la cheville d’ici là.