Il y a un an, une petite délégation lyonnaise était allée se perdre au fin fond du Livradois, et à leur retour, ils ne tarissaient pas d’éloges sur le Trail des Piqueurs.
Fin 2018, les Amis de Kikouroù lancent le TASK (Tirage Au Sort Kikouroù) pour faire gagner des dossards sur plein de courses sympas. L’un des premiers mis en jeu sera pour le Trail des Piqueurs. Influencé par les bons retours de l’an dernier, je participe, et je suis tiré au sort ! Super content de représenter Kikouroù sur ce trail réputé ludique, dur et sauvage, que je vais adorer, c’est sûr, même si physiquement, ça fait un peu peur.
Trail des Piqueurs - 24/03/2019 - 52 km / 2450 mD+
Samedi après-midi, Sébastien me récupère à Lyon et on roule sur des routes de plus en plus petites jusqu’à Saint-Jean-des-Ollières, charmant petit village perdu dans le Livradois. Il fait beau, on récupère les dossards et on s’en va profiter du coucher de soleil et d’un bon repas bio et local à l’Auberge d’Egliseneuve-des-Liards En compagnie d’un autre traileur, venu d’Ile de France. On y passe une bonne nuit.
Dimanche, le réveil sonne à 5h00. Nos sympathiques hôtes se sont exceptionnellement levés tôt aussi pour nous préparer un bon petit dèj. Dehors il doit faire 2° et un maximum de 15° est annoncé dans la journée avec un grand soleil. Je m’équipe en fonction : corsaire en bas, et maillot manches longues sur le maillot manches courtes en haut, les manchettes en plus, le buff sur la tête et la casquette dans la poche. De quoi enlever les couches nécessaires quand la température va monter.
A 7h00 il fait super beau, pas trop froid, le bœuf Salers tourne sur sa broche, et la troupe s’élance pour 4 km d’échauffement globalement légèrement descendant, c’est agréable.
Au 5e kilomètre, le chaos basaltique du Courdeloup se dresse devant nous, les choses sérieuses commencent. Ca se grimpe comme un gros escalier, en mettant un peu les mains quand-même. On est frais donc ça passe bien en faisant un peu chauffer les cuissots. Par contre j’ai perdu Sébastien, à force de fixer mes pieds et les cailloux. On ne se reverra qu’à l’arrivée (non, cette fois je ne vais pas le doubler dans le dernier km !).
Dans le pierrier du Courdeloup |
Pierrier du Courdeloup |
Les kilomètres suivants sont beaucoup plus roulants, en détente. C’est comme ça sur ce trail : il y a des portions raides et techniques séparées par des liaisons roulantes. C’est ainsi qu’on arrive assez vite au premier ravito, après 9 km, où je refais les niveaux, deux rondelles de banane, une tranche de pain d’épice pour la route et je ne m’attarde pas. Les sensations sont bonnes et les premiers hors-pistes velus nous attendent dans les kilomètres à venir. On entre vraiment dans ce qui fait la spécificité du Trail des Piqueurs : ces singles en forêt avec des descentes super raides vers de beaux ruisseaux à traverser et à longer, puis on remonte en face droit dans des pentes à plus de 35% (bien plus même parfois). Heureusement que des cordes sont là pour nous aider dans ces pourcentages de folie, et heureusement aussi que j’ai écouté David qui me conseillait de mettre des mitaines pour me protéger les paumes.
Au 17e kilomètre, on monte gentiment sur une piste assez roulante, mais pas assez pour courir. J’en profite pour me détendre en marchant d’un bon pas quand-même, mais le cerveau est au repos, je suis dans la lune. Depuis plusieurs minutes il y a un gars quelques dizaines de mètres devant, qui ne me distance pas, que je ne rattrape pas non plus… sauf quand il finit par s’arrêter pour me dire que ça fait longtemps qu’il n’a pas vu de balise. Moi non plus, vu que je suis dans la lune… Bref, on a loupé une bifurcation 500 mètres plus tôt. Pas grave, on a juste perdu 6 ou 7 minutes dans l’affaire. Je me re-concentre sur la course et c’est reparti pour des up & downs raides et rigolos, avec plein de jolies jonquilles partout.
Au ravito du 23e kilomètre il est 10h10, il est temps de manger un morceau (en plus de refaire le plein des bidons bien sûr). Tucs, Saint-Nectaire, jambon, un carré de chocolat et un abricot sec, le tout dans le désordre sinon c’est pas marrant, et je repars en marchant et en finissant mon petit repas.
Les portions vallonnées se succèdent et j’ai comme un coup de mou pendant une petite heure. Le parcours exigeant m’a déjà un peu fatigué mais en fait je mets surtout cette petite baisse passagère sur le compte de la digestion du ravito.
Au 32e kilomètre ça va mieux et ça tombe bien, car comme nous l’indique le petit panneau, nous entrons dans le Vallon des Martinanches. Cet endroit est féerique. Il y a le ruisseau, tous ces arbres couverts de mousse verte et les rayons du soleil qui viennent se faufiler au fond de cette petite vallée encaissée.
Le Vallon des Martinanches |
Mais très vite il faut cesser de s’émerveiller et ressortir le piolet (mince je n’en ai pas !) car pour sortir du vallon c’est raide de chez raide (« l’escalade c’est par là », comme dit le panneau). Un beau mur, des passages entre les rochers, le ruisseau à traverser, encore un mur, et enfin le replat dans un joli bois puis sur une piste roulante jusqu’au ravito du Château des Martinanches.
Le Château des Martinanches |
Ravito des Martinanches |
Château des Martinanches |
En longeant le Vallon des Martinanches, on est sur un chemin qui devrait être roulant, s’il n’y avait pas tous les 30 mètres un arbre tombé en travers à franchir, par-dessus, par-dessous, double-franchissement par-dessus, triple oxer… ils nous ont pris pour des chevaux ou quoi ? Bon allez, il était rigolo quand-même ce chemin, tant qu’on ne devait pas prendre à gauche tout droit dans la grosse pente… ah ben si tiens, on prend à gauche !
Quelques up & downs plus tard, au kilomètre 43, voici un joli ruisseau tombant sur les rochers, c’est la Cascade de la Cruche « où l’on pourra pratiquer le canyoning… à l’envers !! » comme le dit si bien le site de la course. Et bien devinez quoi, c’est à l’image de ce trail : très beau et très raide ! Tellement raide que je dois me hisser grâce à la corde, à la force des bras (et des jambes aussi quand même, il ne faudrait pas qu’elles s’ennuient).
Deux ou trois petites grimpettes de plus et voici le dernier ravito, au kilomètre 46. Ravito rapide, selfie réglementaire avec les ânes et je m’en vais en finir avec les 7 derniers kilomètres, tant bien que mal car je commence à être atteint physiquement à force de grimper raide, descendre raide, enjamber des arbres, fléchir pour passer sous des arbres et toujours relancer entre les difficultés.
On n'est pas bien là ? |
Encore une bosse à passer pour arriver sur le fameux dernier obstacle au 50e kilomètre : le Pic de la Garde. Un bon gros chaos basaltique dans lequel je progresse doucement avec ce qu’il me reste de forces, de pierre en pierre tranquillement, et une fois en haut, ce n’est pas fini ! Il reste le sommet, un gros rocher à escalader… et puis tiens un autre derrière ! Et enfin la table d’orientation et la Vierge. J’admire la vue et me lance dans la dernière descente.
Le pierrier du Pic de la Garde |
L'un des derniers blocs à escalader |
Au sommet du Pic de la Garde |
Histoire de ne pas finir sur une descente facile, le dernier kilomètre est en côte, il fallait bien ça pour se finir ! Et voilà le village, l’ambiance, le speaker, l’arche, c’est fait ! En 8h10 je boucle ce super trail fatigué comme il se doit mais en bon état et vraiment très content d’avoir découvert ce vrai beau parcours de trail sauvage, parsemé de bénévoles et de spectateurs chaleureux !
Sébastien est là, bien cramé aussi, et on refait la course. Une petite bière, l’excellent repas avec bœuf, patates au lard, Saint-Nectaire et soleil, et il est temps pour nous de trainer nos carcasses jusqu’à la voiture (qui n’a jamais été aussi loin) pour rentrer à Lyon après une bien belle journée de sport et de nature.
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