Deuxième course de montagne dans ma prépa UTB, dans le cadre du Samoëns Trail Tour, c’est le
Tour du Criou (53 km / 3300 mD+)
Jérôme avait fait ce trail l’an dernier et quand il m’a dit qu’il y retournait avec Fabien, et qu’il y avait de la place pour moi dans le chalet, je n’ai pas hésité longtemps avant d’accepter ce qui promet d’être un super week-end entre potes dans un cadre magnifique.
Vendredi c’est parti ! Fabien me récupère à Oullins, on repasse chez lui vite fait pour prendre quelques affaires et ne rien oublier, petit saut à Irigny puis on passe récupérer Jérôme. Le coffre est plein (et pas que de bières…), en route ! Sauf qu’au bout de deux minutes Jérôme pose la question qui tue : "Fabien, tu as pris les clés du gîte ?"… bref, on est repassé vite fait chez Fabien !!
Le drame évité, on peut prendre sereinement la route de la Yaute.
Pour le lendemain, l’inquiétude concerne la météo. Ce qui est prévu c’est des averses plus ou moins rares le matin, et des orages l’après-midi. A 18h on se branche sur le live Facebook pour suivre le briefing de la course, qui confirme la tendance orageuse de l’après-midi, avec de très forts vents annoncés, qui contraignent l’organisation à opter pour le parcours de replis pour la fin du parcours de l’Ultra Trail du Haut Giffre. Rien ne change pour nous sur le Tour du Criou.
En arrivant à Samoëns on passe retirer notre dossard et notre t-shirt (rose) puis on monte s’installer au gîte. Le chalet est parfait, il y a tout ce qu’il faut et la vue est splendide. Petit apéro-bière-chips, pâtes, poulet, banane, rigolades et au dodo pas trop tard, c’est qu’on est des gens sérieux quand même !
Chambre avec vue au-dessus de Samoëns |
Samedi 15/06, jour de course, je me lève à 5h20, petit dèj etc… et on se gare à Samoëns vers 6h30 pour aller dans la bonne humeur vers le départ. Mais en mon moi intérieur je déprime un peu. Le ciel est complètement bouché et ça me mine d’être encore une fois dans les belles montagnes sans pouvoir profiter du paysage. Heureusement, quelques heures plus tard le ciel se dégagera et nous ne manquerons rien des panoramas spectaculaires.
Le programme (ci-dessous) c'est une première montée de 500 mD+ pour s'échauffer, la grande montée de plus de 1200 mD+ jusqu'à la Combe aux Puaires, une dernière grosse bosse de 750 mD+ avant un final vallonné le long du Giffre.
Km 0 à 10 : Samoëns - Le Crêt : de 7h00 à 8h50
On échange quelques mots avec Pierre-Yves (sympa de le revoir ici), on dit encore des bêtises, on crie Ouuuuh !! Et à 7h00 on est environ 600 à faire le tour de Samoëns avant de partir pour le Tour du Caillou !
Donc dès le deuxième kilomètre ça bouchonne un peu. On s’y attendait, et puis ça avance quand même. Donc pas de souci, ça permet de commencer doucement, ce qui nous convient très bien, d’autant qu’on est déjà dans la première côte, de 500 mD+ sur 4 km. On monte principalement dans les bois et on prend parfois quelques gouttes sur le coin du nez. Quand on sort des bois le décors verdoyant est joli et on voit bien le Criou malgré le mauvais temps.
On relance dans la verdure |
Km 10 à 15 : Le Crêt - Refuge de Folly : de 8h55 à 10h00
A la sortie du ravito, deux charmantes lapines roses contrôlent le matériel obligatoire (veste et couverture de survie), puis on poursuit joyeusement en direction d’un passage escarpé avec des chaines. Chouette, c’est rigolo les chaines !
Ca nous occupe un petit moment avant de monter sur des pentes raisonnables jusqu’au Pont des Barmes (1236 m), décoré de drapeaux de prières himalayens (d’ailleurs on a vu Dawa hier…). C’est le début de la grosse grimpette du jour : 1000 mD+ en 5 km jusqu’à la Combe aux Puaires. On monte par à-coups dans les bois puis la pente devient plus constante et bien marquée. On sort des bois en prenant de l’altitude, sous la surveillance de l’imposante Pointe du Tuet. Et là le miracle est en train de se produire : le nuages disparaissent à vue d’œil et le soleil s’impose ! On va avoir droit aux beaux paysages là-haut et j’en suis ravi.
Au 15e kilomètre, le chemin se tortille sous une longue cabane, c’est le Refuge de Folly (1545 m) où se tient un ravito liquide. On y est vite. La vue est superbe. On prend juste quelques minutes pour refaire les niveaux des bidons et mettre un coupe-vent car on imagine qu’il va bientôt faire frais avec l’altitude. En fait on va vite le remettre dans le sac, le coupe-vent.
Fabien file à l'anglaise |
Km 15 à 23 : Refuge de Folly - Refuge de la Vogealle : de 10h05 à 12h15
On reprend notre longue ascension. Devant, Fabien a pris le sillage de deux anglaises qui montent en bavardant. Derrière, Jérôme gère sa montée tranquillement. Et moi, je navigue entre les deux au fil de mes pauses photos et des arrêts de Fabien pour nous attendre de temps en temps.
Ca monte bien mais rien de difficile, je me fais vraiment plaisir dans ce superbe environnement. Vers 1900 m d’altitude on trouve les premiers névés et très vite de grandes étendues blanches où de petits groupes progressent à la queue-leu-leu. Il faut juste faire attention de ne pas glisser car il y a un beau dévers, mais rien de vraiment dangereux.
A 2221 m d’altitude, le panneau "Croisement de Combe aux Puaires" marque la fin de la grande ascension et le début d’un blanc faux-plat jusqu’au vrai sommet de la course, la Combe aux Puaires (2281 m), col que nous atteignons à 11h35.
Bien conseillés par Jérôme qui connait le parcours, nous avons prévu un sac poubelle en guise de luge, et c’est maintenant qu’il va servir. Je m’imaginais qu’on allait se laisser glisser vite fait sur de légères pentes enneigées, mais c’est bien plus que ça ! La pente est forte et il y a carrément des toboggans qui ont été creusés, de vraies pistes de fesse-luge ! Les deux premières sont très amusantes, les deux suivantes un peu moins, parce que ça tape, ça rappe et c’est froid, malgré le sac poubelle qui est bien utile pour ne pas trop se cryogéniser le postérieur. Il parait que c’est bon, la criou-thérapie… (je précise que je ne suis même pas l’auteur de ce magnifique calembour !)
On longe maintenant le Lac de la Vogealle, tout gelé, avant d’arriver au Refuge de la Vogealle (1909 m) où se tient un ravito liquide avec de l’eau, du Coca, et une oie… oui oui, il y a une oie au refuge, normal.
Bon, on refait les niveaux, je fais un selfie avec l’oie, et on s’en va.
Km 23 à 34 : Refuge de la Vogealle - Camping du Pelly : de 12h20 à 14h10
Dès qu’on a quitté le ravito, on change de décor : finie la neige, place aux impressionnantes et magnifiques falaises du Bout du Monde dans lequel on descend sur des sentiers plus ou moins techniques (rien d’excessif non plus) en se mouillant régulièrement les pieds dans les nombreux ruisseaux à traverser.
Je fais la descente par à-coups, me laissant distancer par Jérôme et Fabien le temps de faire des photos et d’admirer le paysage, puis je les rattrape. Cet endroit est fabuleux, avec ces murs de 2000 mètres de haut, comme un Grand Canyon vert. Dommage de devoir regarder ses pieds pour ne pas tomber… Mais bon, comme dirait un Arnaud B., "On n’est pas là pour compter les glands au sol !". Alors on se re-concentre un peu et on zigzague dans la verdure pour passer sous le chalet du Boret (1344 m) avant de rejoindre un petit bois où le sentier remonte quelques instants.
Les compères d'Irigny le long du Giffre |
Au kilomètre 29 nous touchons le Fond de la Combe (1055 m)… et Jérôme touche le fond de sa forme. On a 4 km de plat le long du Giffre avant le ravito et on les fait en trottinant doucement avec un peu de marche de temps en temps, mais notre pauvre Jérôme est fatigué et pense arrêter au ravito du Pelly. A sa décharge, une grosse fatigue virale une semaine avant la course ce n’était pas idéal comme fin de préparation.
Et c’est sous les applaudissement des spectateurs et au son de Mickael Jackson (Ouuuh !) que nous entrons triomphalement (j’exagère à peine) dans le Cirque du Fer à Cheval, au ravito du Camping du Pelly.
J’ai super faim et je trouve ce ravito un peu léger. Ca manque de saucisson, de fromage et de pain, et il ne reste plus de soupe non plus. Alors je me venge sur le pain d’épice et le chocolat, et sur un petit bout de banane aussi. Le plein est refait, et je vais rejoindre mes compagnons qui se sont posés à l’ombre un peu plus loin. Jérôme nous confirme qu’il s’arrête là. Il a quand même le moral, car il a bien profité des plus beaux paysages et la fin il l’a déjà faite l’an dernier.
Km 34 à 46 : Camping du Pelly - Salvagny : de 14h25 à 16h55
C’est donc à deux qu’on repart, après un bon quart d’heure d’arrêt, à l’assaut de la grosse montée des Praz de Communes : 4,5 km, 750 mD+, sur une piste parfois bien raide, et qui commence sous un soleil tapant. On attaque l’affaire sur un bon rythme, on double quelques coureurs et on en croise aussi plusieurs qui redescendent au Pelly pour abandonner… c’est bizarre tous ces gens qui rebroussent chemin, y a quoi là-haut !? un monstre ?? Même pas peur, on continue dans les bois, l’ombre fait du bien, mais Fabien commence à cramper du cuissot, dur dur. On garde le rythme tant bien que mal, on double la Team Tortugas espagnole qui fait une pause sur le bord du chemin (on a fait plusieurs chassés-croisés avec eux aujourd’hui), puis il se remettent en route, et nous mettent un courant d’air mémorable ! Ils nous ont déposés ! On aurait dit le train de la Once en CLM par équipe ! Venga venga venga !! Comme dirait Manolo.
Alors que j’ai pris un peu d’avance pour filmer, je me retourne et Fabien a disparu. Aïe, je l’attends et heureusement le voici qui arrive. Ces satanées crampes ne le lâchent pas. Le bon point c’est qu’on a déjà bien grimpé, suffisamment pour sortir de la forêt et avoir un super paysage à notre droite. En revanche à gauche, c’est pas que ce n’est pas joli, on voit les chalet des Praz de Commune dans la verdure, mais ils sont encore vachement haut, avec plein de petits lacets pour y accéder. Mais comme je dis à Fabien pour le rassurer, c’est facile les lacets, y a qu’à les prendre les uns après les autres comme si on montait l’Alpe d’Huez, facile quoi (oui je sais je suis nul pour rassurer mon copain qui crampe). Et comme il y a des gars avec un t-shirt orange un peu plus loin, c’est que ça doit être le virage des hollandais… bref on est complètement parti en mode cyclo !
Allez trêve de bêtises, on a enfin atteint le haut des chalets (1670 m) et on se fait scanner la puce (ou pas, puisque ça ne marche pas) par le préposé au pointage chrono ici présent.
S’en suit un kilomètre de replat en balcon panoramique avec quelques mouillages de pieds dans des ruisseaux et un peu de trottinage. Puis c’est la descente, redoutée par Fabien (ben oui, les cuisses fatiguées ça n’aime pas les descentes), de 6 km et 800 mD-.
Tiens, 17h00 c’est aussi l’heure à laquelle les orages sont prévus non ? D’ailleurs ça se couvre tellement qu’on commence à prendre des petites gouttes sur le nez. Comme on l’espérait, la pluie ne s’est pas encore intensifiée et on peut arriver à 16h55 au ravito de Salvagny sans avoir eu à s’arrêter pour mettre la veste de pluie. On la mettra en repartant pour finir la course, ces 8 derniers km a priori pas si faciles que ça mais qu’on pourra faire en moins de deux heures, j’en suis sûr et tente d’en convaincre Fabien qui craint le retour des crampes… enfin ça c’est ce qu’on croit, avant d’entendre le bénévole dire que la course est neutralisée car l’orage arrive. J’ai déjà connu ça sur le Tour des Fiz 2017, on va être arrêtés là un moment puis on va la finir cette course… enfin ça c’est ce que je crois, avant que le vent nous fasse un démarrage de 0 à 100 en 3 secondes, et voilà que tout le monde doit s’accrocher aux bâches et aux poteaux pour ne pas que le ravito s’envole !
La situation devient vite intenable sur le ravito et nous sommes priés d’aller nous mettre à l’abri au restaurant d’en face.
...... du ravito au resto ......
Km 46 : Resto de Salvagny : de 17h05 à 18h00
On prend donc place à une table et la salle se remplit très vite de plein de traileurs "naufragés". Il y a des TDC comme nous, des Ultras pour qui la barrière horaire est déjà tombée, et voici qu’arrivent d’autres coureurs de l’Utra rapatriés ici par des pickups de la réserve naturelle. Ils ont pris l’orage dans la montagne. Ca sent de moins en moins bon pour la course, et pendant que je vais nous chercher à boire au bar (tant qu’à faire d’être là hein…), l’annonce tombe : les courses sont arrêtées définitivement.
Pour rentrer à Samoëns il va falloir être patients puisque la priorité des organisateurs est bien sûr de récupérer tous ceux qui sont dans la montagne. Mais on a notre botte secrète, le coup de fil à un ami ! C’est ainsi qu’un quart d’heure plus tard Jérôme arrive avec la voiture de Fabien pour nous ramener à la base.
Après la pluie, le beau temps
On est un peu déçu de finir la course comme ça, mais compte tenu des circonstances et du fait que les 8 derniers kilomètres sont beaucoup moins beaux que tout ce qu’ on a eu la chance de voir avant, on relativise bien. Au final on ne sera peut-être pas classés, on n’aura peut-être pas nos points ITRA (on s’en fiche en même temps) mais on aura quand même droit à une médaille de finisher.
On passe au chalet prendre une bonne douche avant d’aller profiter du repas d’après course à Samoëns. Tout est par terre dans la zone d’arrivée, l’orage a fait des dégâts et les bénévoles feront un super boulot pendant la nuit pour tout remonter pour les courses du lendemain.
En sortant de la salle le soleil revient et on rejoint notre gîte pour finir cette presque-belle journée devant la finale du Top 14.
Après la pluie, le beau temps... |
Bilan en bref
Merci à Jérôme et Fabien pour ce super week-end (c’est quand le prochain ?).
Cette course se déroule dans un cadre exceptionnel, on en a pris plein les yeux !
A Salvagny je suis pointé 441e après 45,5 km et 2900 mD+.
J’ai eu de bonnes sensations jusqu’au bout en Kalenji Trail Race 4, pourtant conseillées sur les distances courtes.
J’ai fini relativement frais, je n’ai eu que de petites courbatures aux cuisses, c’est très encourageant.
Dans cinq semaines c’est l’UTB, j’ai hâte !
Avant de rendre l’antenne je vous partage ce lien histoire de vous inciter à aller vous balader au Bout du Monde, c'est tellement beau.
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