Après un bon début d’année, voici le gros objectif du premier semestre, finir ce beau trail de 73 km en Bauges.
J’y reviens pour la deuxième fois après 2019 en espérant avoir de belles conditions météo pour profiter à fond des paysages et aussi pour découvrir la nouveauté de cette année, le Mont Margériaz.
Les photos - le film - la trace
Après des semaines très chaudes la météo redevient raisonnable en ce week-end de l'Ascension, il fait beau et bon, nous sortons le camion ! En effet, on va profiter du jeudi et du vendredi pour camper à Saint-Pierre-d'Albigny au bord du lac de Carouge. Le vendredi soir on roule jusqu'à Cruet où je vais retirer mon dossard (et celui de Xavier). Je croise Aurélien vite fait, j'échange quelques mots avec Christian qui est ici en bénévole-baliseur-ouvreur, et je file planter ma tente dans un coin près du départ. Marie-Laure est toujours avec moi, on dîne dans le fourgon (des pâtes au jambon), puis viens le temps des adieux (oui bon on se reverra hein !), Marie-Laure retourne au camping du lac de Carouge qu'elle quittera le lendemain matin pour rentrer à Lyon car elle travaille ce week-end, et moi, je vais rejoindre ma tente, préparer mes affaires de course, me coucher avant 22h, essayer de faire abstraction de la fête qui bat son plein dans la maison d'à côté, me réveiller plein de fois dans la nuit et me lever à 3h45...
Samedi 28 mai, jour (pas encore levé) de course !
Je retrouve vite Xavier pour lui remettre son dossard, puis Aurélien, et aussi Tom, inscrit au dernier moment. Et à 5h00, top départ, c'est parti pour une longue et belle journée dont voici le profil :
73 km - 5150 mD+ |
Contrairement aux éditions précédentes, pas de petit tour dans les vignes, on attaque directement la montée de la Roche du Guet et ses 800 mD+. Au début je suis avec Tom, c'est sympa, et c'est rare, car on n'a pas vraiment le même niveau... puis naturellement il va finir par s'envoler devant alors que je reste sur mon petit rythme.
Au col du Mont, le soleil se lève, et c'est beau !
De gauche à droite : Margériaz, Sauge, Galoppaz, Colombier, Charvay, Arclusaz |
6h20, Roche du Guet, 6h40 Rocher de Tornery, la première montée est terminée, je suis pile dans mes temps prévus et je pourrais presque attaquer la descente sereinement si je n'avais pas encore un peu sommeil, un peu mal au genou gauche et à la cheville droite (petites gênes récurrentes ces derniers temps). Rien de grave, je peux faire avec et je descends donc doucement sur Nécuidet... ah puis tiens, ça remonte après ! Allez, on passe ce raidard, on prend une jolie photo en haut, et hop on file au ravito de la Thuile !
Le Pic de la Sauge au petit matin... on va bientôt le gravir |
Km 12, 7h30, j'ai 10 minutes d'avance sur mon roadbook au ravito de la Thuile. J'y reste 5 minutes pour faire coucou aux copains qui en repartent, remplir les bidons, grignoter un peu, et mettre du pain et du fromage dans la poche pour plus tard, car le prochain ravito solide n'est prévu qu'au 41e km, c'est dans très longtemps ça !
Sur ma tête, la casquette a remplacé la frontale, et après un paisible tour du lac de la Thuile, j'attaque l'ascension du Pic de la Sauge (750 mD+). A l'image de cette course, c'est souvent raide, et souvent très beau.
Vue sur le lac de La Thuile, et Belledonne en fond |
Au sommet du Pic de la Sauge |
Une montée pas facile mais qui passe sans histoire, je me sens assez bien et j'enchaîne avec la Pointe de la Galoppaz, ce joli machin tout vert qui se dresse face au sommet du Pic de la Sauge. On y monte par la crête à droite et on en redescend tout droit à gauche.
Vue sur la Galopp' et sa descente droit dans la pente ! |
Il est presque 9h50 quand j'arrive au sommet de la Galopp' (pile à l'heure du roadbook), en plein vent, le temps de blaguer avec un bénévole sur l'absence du Colombier (qui est caché par un nuage mais qu'on va bien devoir escalader dans quelques heures), et je me jette prudemment et avec les bâtons dans la descente, très raide au début.
Le Colombier a disparu !! |
En bas de la descente, aux Côtes Gueulet, nous sommes sur une transition un peu plus roulante qui se transforme même en petite route bitumée et sinueuse. Je le savais puisque Christian nous avait prévenu sur Kikouroù que ce passage serait barbant et qu'il faudrait compter 11 lacets sur la route pour enfin retrouver un sentier. Bon, même si c'est effectivement un peu barbant, je le prends du bon côté, c'est facile à courir donc c'est du "kilométrage gratuit".
Une fois sur le sentier, je sais que je suis tout proche du ravito liquide du Col des Prés, et aussi que je suis dores et déjà dans le début de la montée inédite du Mont Margériaz (750 mD+). C'est à 11h15 que j'arrive à ce ravito "liquide" du km 30. Mais on le sait, les ravitos uniquement liquides sont une légende urbaine en trail, personne ne les a jamais vus, en fait il y a toujours de quoi grignoter (sont sympas les bénévoles !). Comme à chaque ravito aujourd'hui je bois deux gobelets de Coca et un d'eau gazeuse, puis le plein des bidons, et je ne traine pas, j'ai hâte de découvrir si le Mont Margériaz est aussi bon que le fromage du même nom !
Je me sens bien sur toute la première partie de la montée. Elle est assez irrégulière avec beaucoup de relances en sous bois et j'ai la pêche donc ça tombe bien.
Début de la montée au Margériaz face au Colombier qui commence à se dégager. |
Sur la dernière partie de l'ascension le coup de boost est passé et je commence à fatiguer. En même temps je suis sorti des bois et les paysages sont superbes avec les falaises du Margériaz, la Chartreuse à gauche et le Colombier à droite. Je fais alors quelques brefs arrêts photo avant de me remettre dans ma course et de basculer au sommet des pistes de ski, sous l'objectif du photographe. (il est 12h50, toujours dans les clous du roadbook).
La Chartreuse |
Le Margériaz |
Le Colombier |
Le Mazouth |
Allez, une bonne descente assez roulante, d'abord sur les pistes de ski, puis dans les bois, et je serai au ravito d'Aillon-le-Jeune. J'y vais donc avec entrain, et avec les bâtons (je les ai toujours gardés en main, du Col des Prés jusqu'à la fin en fait), et pas une grosse vitesse non plus, je me trouve un peu lent mais c'est normal à ce stade de la course. Pour autant, Arclz73, un Kikouroù que j'ai doublé et qui a essayé de prendre ma roue, m'a trouvé trop rapide, alors tout est relatif finalement.
Diot-Coca |
L'autre point de tension sur ce ravito c'est la barrière horaire, qui est bien tendue puisqu'il faut avoir quitté les lieux à 14h00 ! Donc je ne traine pas plus que ça, je mets du pain et des abricots secs dans ma poche, et je m'en vais un peu après 13h50.
Le temps de traverser le village, et me voici au pied du très gros morceau du jour, le Colombier et ses 1100 mD+ ! Ca commence par une montée irrégulière dans la forêt, puis de plus en plus pentue. Rapidement (façon de parler) un petit train de 5 se forme. Nous avançons à peu près au même rythme, deux gars devant (dont Eric Cuenot d'Evadict) et un duo père et fils venus d'Italie, avec qui on se suit déjà depuis le Margériaz.
Au-dessus de 1550 m nous sortons de la forêt avec la vue sur toute la partie sommitale du Colombier. C'est impressionnant mais j'adore cet endroit. C'est la troisième fois que je viens sur ce mont et vraiment il me plait, rude et magnifique, et que dire de la vue au sommet ! On y vient on y vient, mais là il reste encore 500 mD+ à grimper...
Colombier le magnifique ! |
A 1695 m, c'est à partir du Col de la Cochette que la pente est la plus forte, sur la crête qui file jusqu'au sommet. D'un coup nos deux gars de devant ralentissent, on piétine un peu derrière jusqu'à ce que le jeune italien fasse sauter le bouchon, son père et moi-même lui emboitant le pas. On arrive ainsi à trois au sommet (2043 m), avec le sourire tellement c'est beau !
L'Arclusaz |
Le sommet |
La vue |
Il est 16h15, là je commence à avoir du retard sur mes prévisions, je ne prends donc que deux minutes pour en prendre plein les yeux, filmer et faire des photos, alors que j'aimerais y rester des heures sur ce sommet. Mais quand faut y aller faut y aller, tout doucement dans la descente bien pentue avec des cuisses qui commencent à sentir le dénivelé s'accumuler.
Replat, re-passage au col de la Cochette, et ça déroule jusqu'aux chalets de la Fullie dans un décors de rêve. Je passe toutefois avec 30 minutes de retard sur mes prévisions à la Fullie. Le Colombier a fait mal à mon raodbook (un peu à mes jambes aussi).
Quelle belle journée ! |
Les chalets de la Fullie, où une source captée permet de faire le plein d'eau fraîche. |
L'objectif suivant est le ravito du Mont Pelat, connu pour ses diots et ses frites, mais en 2019 j'étais arrivé trop tard. Cette année je ne suis pas plus en avance mais bon, ça motive. En attendant il reste 5 km légèrement vallonnés donc plus ou moins courables, avec de superbes vues sur l'Arclusaz.
Mont Pelat droit devant |
A 18h25 j'arrive enfin au ravito du Mont Pelat, moyennant une dernière ascension de 200 mD+ et là c'est le miracle culinaire ! Il y a une super ambiance, des chaises et plein de bon manger protéiné comme on n'ose même pas en rêver après 58 km de trail. J'opterai donc pour un oeuf au plat, un bout de sanglier, un diot et des frites croustillantes aux herbes !
Ces dix minutes d'arrêt auront été très bonnes pour le moral, et il le faut, car je sais depuis 2019 que les 15 km restants jusqu'à l'arrivée vont faire mal à la tête...
Après 10 minutes d'arrêt gastronomique, je me lance donc dans cet enfer où on sait qu'il reste 1000 m à descendre jusqu'à Cruet mais qu'à chaque fois qu'on descend un peu, on remonte d'autant voir plus juste après... en gros l'altimètre ne descend pas, le kilométrage semble ne pas avancer, le temps se dilate, bienvenue dans les limbes finales du GR73 !
Au km 64 une bonne descente (enfin !) nous amène au col de la Marocaz, mais là, c'est reparti pour des montagnes russes globalement montantes... c'est l'enfer !
Plusieurs vies plus tard, la lumière au bout du tunnel, c'est le petit ravito de Montlambert au km 68. Une table, des bénévoles sympas, un petit coup à boire (pas manger, j'ai pas faim après le Mont Pelat), et enfin on va descendre pour de vrai jusqu'à Cruet.
Le soleil se fait rasant sur la Combe de Savoie |
La descente se passe sans histoire et plutôt pas très vite du fait de quadris bien entamés. Arrivé sur la route je relance au trot, pas bien capable de courir plus vite, alors que j'entends derrière moi un missile lancé au triple galop est qui me dépose en un coup de vent ! C'est Eric Cuenot (souvenez-vous sur le Colombier) qui a mangé du lion (sûrement au Mont Pelat) !Allez, quelques virages dans le village de Cruet et ça y est, voilà l'église, puis l'arche d'arrivée et son speaker hurlant, il est 21h10, je lève les bras vraiment content de terminer cette superbe course, avant de m'affaler sur une chaise, le précieux Opinel finisher dans les mains.Résultat final : 204e en 16h10, sur 290 inscrits et 222 finishers.
Le bilan est un petit peu mitigé côté perf car j'espérais vraiment mettre moins de 15h45, mais comme je n'ai pas l'impression d'avoir perdu de temps aux ravitos et que j'ai toujours avancé du mieux possible avec mes moyens, je n'ai pas de regret, je suis à mon niveau, et puis c'était tellement une belle journée que je peux aller dévorer la polenta et les diots tranquille et content !
Après une bonne nuit sous la tente, je retrouve Aurélien dimanche pour aller pique-niquer au bord du lac de Carouge, tous les deux avec des poteaux en guise de jambes ! Puis retour à Lyon en pensant à nos prochaines aventures (du côté de Belledonne...).
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